Comme tous les ans, l'exercice 2012 a été marqué par une série d'actions visant l'amélioration de la prise en charge, notamment des maladies chroniques et/ou lourdes. Mais, il n'est pas dit qu'elles ont apporté tout l'effet escompté et la prise en charge des patients reste encore loin d'être convenable. Entre autres réactions des pouvoirs publics souvent plus enclins à réagir qu'à agir, l'on citera notamment la tenue, pour la première fois dans les annales du gouvernement, d'un Conseil interministériel (CIM) exclusivement dédié à la pathologie du cancer et l'éternel problème de la prise en charge des personnes atteintes. Une batterie de mesures a été alors décidée, par écrit, en vue de remédier à la situation catastrophique à laquelle sont confrontés des milliers de cancéreux en Algérie. Les problèmes du manque de centres de traitement par radiothérapie et les pénuries de médicaments ont été les points essentiels abordés à cette occasion. Le CIM a été convoqué le 30 octobre dernier, coïncidant avec la Journée mondiale de la lutte contre le cancer, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et a connu la participation de pas moins de quatre membres du gouvernement dont le nouveau ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari. Il a été alors décidé de “la disponibilité de certaines formes sèches de médicaments anticancéreux ainsi que certains antalgiques dans les officines pharmaceutiques et leur remboursement par les caisses de Sécurité sociale". Selon M. Ziari qui rappelait que “l'Etat prend en charge toutes les pathologies", cette décision a pour objectif de “permettre aux malades de se traiter en ambulatoire et de ne plus avoir à se déplacer à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour prendre leurs médicaments". Contre toute attente, cette décision allait vite être contestée, sans explication valable, par le syndicat UGTA de la Cnas, alors que le gouvernement n'a pas donné de suite à ce jour. Mais pas seulement ! L'autre décision, très attendue, a concerné les équipements de radiothérapie qui font cruellement défaut. Il n'existe en Algérie que 7 centres de radiothérapie alors qu'il faudrait quelque 78 accélérateurs fonctionnels, reconnaît le ministre. Par conséquent, le CIM a promis “l'engagement d'une action en direction de deux fabricants d'accélérateurs linéaires pour assurer une plus grande présence en Algérie, notamment en matière de maintenance à tous les niveaux". L'objectif, expliquait le ministre, étant d'“améliorer en profondeur, dans un délai n'excédant pas le 1er semestre 2013, l'offre de soins en matière de radiothérapie". Radiothérapie : “Seul le transfert à l'étranger sauvera les patients" Mais voilà qu'on approche déjà de cette échéance, et que cette décision reste encore loin d'être applicable ! De l'avis des professionnels, la mise en place d'un seul accélérateur nécessiterait au minimum une année. “Il a fallu un an et demi pour qu'un accélérateur soit installé au niveau du service de radiothérapie. Alors, je me demande comment peut-on se permettre de parler de l'installation de dizaines en une période de trois mois seulement ?", s'est exclamée en effet, Mme Hamida Kettab, secrétaire générale de l'association El-Amel du CPMC. Pour elle, si on continue à compter sur “les promesses des décideurs" , on ne réglera certainement pas le problème des milliers de patients qui attendent dans “les couloirs de la mort !". Selon des statistiques (non confirmées), le nombre de cancéreux nécessitant un traitement par radiothérapie dépasserait 28 000 personnes. Aujourd'hui, seuls trois accélérateurs fonctionnent en Algérie. D'où l'appel pressant de la représentante du mouvement associatif de défense des droits des malades, à transférer les patients à l'étranger en attendant l'acquisition des 57 accélérateurs et l'ouverture des 17 centres anticancéreux (CAC) promis. Sachant que les rendez-vous de radiothérapie sont à présent reportés jusqu'à avril 2014 au niveau du CPMC. Mme Kettab juge que “si on n'agit pas devant cette situation, ce sera carrément de la non-assistance à personne en danger !". Une revendication à laquelle adhèrent pleinement les professeurs Ahmed Bendib et Kamel Bouzid respectivement chefs des services sénologie et oncologie du CPMC. Entre la Turquie, le Maroc, la Tunisie, voire la France, les destinations qui s'offrent restent multiples et très diversifiées en termes de prestations et tarifications, selon les deux professionnels. Le pire, s'offusque le professeur Bendib, les examens de radiothérapie appliqués en Algérie arrivent souvent en retard des prescriptions au vu des rendez-vous très éloignés. Le traitement par radiothérapie, explique-t-il, ne doit pas dépasser un à deux mois après la prescription, après quoi l'acte est considéré comme “pas justifié médicalement". F A