À l'initiative du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), plus de 200 personnes, venues des quatre coins du pays, se sont rassemblés dans la ville de Timimoun pour fêter Yennayer. Journée non reconnue officiellement par les autorités algériennes, Yennayer reste, malgré le déni, une des fêtes les plus populaires en Afrique du Nord. Les différentes populations célèbrent cette journée coïncidant avec le 12 janvier du calendrier grégorien de chaque année. La veille du 12, un dÎner spécial est offert à la famille, différents plats culinaires sont préparés à l'occasion, mais la dimension sociale, historique et identitaire de cette fête reste étouffée pour les besoins de l'idéologie dominante dans plusieurs pays. Depuis quelques années, le Maroc a accédé favorablement à la demande de ses citoyens de faire de Yennayer une fête nationale. Depuis quelques jours, la Libye a institutionnalisé le 12 janvier de chaque année comme journée fériée. En Algérie, et ce, malgré la reconnaissance de tamazight en tant que langue nationale depuis plus de dix ans, Yennayer reste cette fête célébrée en dehors de tout cercle officiel. Pour cette année, Yennayer est célébré à Timimoun. À l'initiative du Haut-Commissariat à l'amazighité, HCA, plus de 200 personnes, venues des quatre coins du pays, se sont rassemblées dans la ville de Timimoun pour fêter Yennayer. Cette ville, chargée de symboles pour les Amazighs, n'est pas uniquement cette contrée zénète qui, à travers les chants de l'Ahellili, anciennement appelés Izelwan, raconte son passé amazigh, réaffirme son attachement à ses origines plusieurs fois millénaires. Timimoun est aussi une ville qui a accueilli Mouloud Mammeri durant plus de sept ans, alors qu'il travaillait sur l'Ahellil de Gourara. Les témoignages sur Mammeri fusent de partout. Pour l'un de ses guides, Moulay Seddik Slimane, dit Moulay Timi, Mammeri n'est pas seulement “un ami", mais “un des nôtres". Quand Moulay parle de Mammeri, des larmes envahissent ses yeux. Il l'évoque comme un mythe ou un fondateur d'une pensée éternelle. “Mammeri a donné vie à notre culture", résume-t-il. “C'est grâce à lui que l'Ahellil est connu et reconnu. Si aujourd'hui des jeunes zénètes chantent l'Ahellil, invités dans des manifestations culturelles, c'est grâce à Mammeri", ajoute encore Moulay, qui garde des souvenirs “de chaque instant qu'a vécu Mammeri" à Gourara. Invité pour le dîner de Yennayer, Moulay “est replongé dans l'ambiance fraternelle des retrouvailles avec les Amazighs d'Algérie". De leur côté, les responsables du HCA ont réitéré la nécessité et surtout l'urgence de faire de Yennayer, une journée de fête nationale à l'instar de Aoual Mouharram et du 1er janvier. Plusieurs conférences ont été organisées à l'occasion. Saïd Chemakh, de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, Mohamed Salem Benzaïd, de Timimoun et Mohamed Belhadj de Boussemghoune, ont animé une table ronde sur l'élaboration d'un lexique zénète. Une autre sur la consécration de “Yennayer : un symbole de la préservation du patrimoine culturel amazigh", fut animée par Abdelaziz Mahboub de Snous, Abdellah Bendaoud de Chenoua, Kada Irdjouli de Gourara, Hacène Helouane de Kabylie, Kheddam Mohand Oubelkacem d'Alger, M'hend Zerdoumi des Aurès, Badi Dida des Touareg et Hamid Billek du HCA. M. M.