Comme chaque année, Yennayer ne passe jamais inaperçu à Laghouat. Conciliant les usages, les caractéristiques de la région et la tradition, les habitants de cette paisible région du Sud fêtent le nouvel an amazigh dans la convivialité. La coutume en cette occasion à Laghouat, c'est le renouvellement des pierres du foyer de la cheminée. La tradition, nous indique-t-on, veut que tout ouvrage commencé, tel que le tissage, soit terminé ce jour-là qui coïncide avec le nouvel an amazigh 2963. La célébration de cette date se fait également à travers des rituels, des sacrifices et des plats particuliers. Les maisons sont nettoyées de fond en comble, repeintes, décorées et ouvertes à la famille et aux amis pour se réunir autour d'un banquet préparé en la circonstance. Youcef Laghouati, artiste en retraite de son état, nous a indiqué que “cette fête a toujours été célébrée tout comme l'an de l'hégire avec les mêmes mets, les mêmes cérémonies, chants religieux, friandises, récitation du Coran et le plat principal qui n'est qu'un couscous spécial dont la sauce contient plus d'ingrédients que d'habitude dont les légumes frais et secs de toutes variétés". Pour célébrer dans une ambiance festive cette date, on met une fève sèche dans la marmite, et celui qui aura la chance de la trouver dans sa cuillère sera désigné comme le plus chanceux et le plus heureux pour toute l'année. Et pour obliger les enfants à bien manger, on leur fait peur en les menaçant qu'il y a un “kamoum" ou “ghoul" nommé “lamassa", qui vient au milieu de la nuit emmener en enfer ceux qui n'ont pas bien rempli la panse. Chez certaines familles, c'est aussi la première coupe de cheveux pour les petits garçons. Ainsi, l'homme le plus âgé de la famille se charge de cette mission pour que le petit vive aussi longtemps que son “vieux coiffeur", nous dit-on. Et comme ce jour représente aussi le dernier jour de l'an qui s'achève (dernier jour de djanber), on se doit de sacrifier un coq fermier, et toute la famille se retrouve autour d'un couscous bien garni au poulet fermier agrémenté de morceaux de viande séchée (guedid) sans oublier les belles histoires (m'hajiate) des grands-mères et grands-pères pour rendre éternelles les coutumes et ne pas oublier nos racines. Car, quoique plusieurs familles continuent de préparer un repas copieux le soir avec veillée, thé, drez, friandises, il faut dire que, malheureusement, cet événement a tendance à ne pas être fêté comme avant. Pour rappel, Yennayer marque le jour de l'an du calendrier agraire, adopté depuis l'antiquité par les Amazighs. Il correspond au 1er jour de janvier du calendrier julien, aujourd'hui en décalage de 13 jours du calendrier grégorien. Le vocable “Yennayer" est composé de “Yen" qui veut dire premier, et de “Ayer" qui veut dire mois. Yennayer serait donc le premier mois de l'année dans le calendrier amazigh. Le jour de l'an amazigh coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien. L'origine du calendrier amazigh remonte donc à 950 avant J.-C. C'est le roi Chachnaq qui, après avoir conquis le delta du Nil (Egypte), fonda la XXIIe dynastie pharaonique. Une première bataille soldée par une victoire grandiose. B A