Les engagements du ministre, Moussa Benhamadi, ont amené, hier, les postiers à surseoir à leur mouvement de protestation et à reprendre le travail dans l'ensemble des bureaux de poste du pays. Une virée à la Grande-Poste d'Alger nous a permis de nous enquérir sur place de la reprise effective du travail des postiers. Ainsi, après avoir observé un débrayage qui aura duré deux semaines entières, les travailleurs d'Algérie Poste étaient, hier, à leur guichet. Les citoyens pris en otage par cet arrêt de travail ont pu enfin accéder aux services d'Algérie Poste. Et bizarrement, l'affluence n'était pas au grand rendez-vous. Seuls quelques retraités attendaient sagement leur tour dans les files d'attente. “Les gens ne sont peut-être pas au courant de la fin de la grève", se contente de nous expliquer un guichetier qui, d'après lui, “il y a quand même sensiblement plus de monde que d'habitude". En réalité, ce sont les centres de tri qui vont connaître, selon lui, les perturbations les plus importantes pour résorber les retards dans la distribution du courrier (lettres et colis postaux). “Allez au centre de tri postal de Birtouta et vous verrez alors un amoncellement de dizaines de sacs postaux qui vont attendre encore plusieurs semaines pour être traités", nous recommande un agent de la Poste à qui nous avons décliné notre identité. “Aucune sanction contre les grévistes n'a été prise", nous assure-t-il. Interrogée, une vieille dame s'est surtout inquiétée du manque d'égard réservé aux clients et aux usagers de la Poste. “Le droit de grève étant consacré par la loi, qu'en est-il alors de la notion de service public ?", s'est-elle demandée, reprochant aux grévistes d'avoir assuré non seulement le service minimum mais d'avoir aussi paralysé complètement de nombreux bureaux de poste à travers le pays. “Quand le service minimum était respecté, les portes fermées des bureaux de poste ne s'ouvraient qu'aux pistonnés et aux connaissances. Les autres se voyaient opposés, eux, soit le manque de liquidités ou encore les éternelles pannes de connexion et autres coupures d'électricité", s'est elle indignée. Ce débrayage montre, en effet, combien la notion de service public en Algérie est inexistante. Au grand dam, très certainement, du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, dès son installation, avait fait de la réhabilitation du service public “une priorité". “Un vœu pieux", selon un client, qui qualifie l'ambition de Sellal d'“irréalisable" notamment chez Algérie Poste, une entreprise en situation de monopole. Ce client n'a, par ailleurs, pas caché sa colère lorsqu'il a appris que le ministre des PTT a promis aux postiers un rappel avec effet rétroactif depuis le 1er janvier 2008. “PTT a toujours signifié en Algérie : petit travail tranquille". Une affirmation qui fera sortir de ses gonds une employée de la Poste qui avoue, pour sa part, l'existence de grandes disparités dans la distribution de la charge de travail. “Certains bureaux de poste sont submergés par la clientèle dont ils n'arrivent pas toujours à satisfaire les besoins alors que d'autres chôment à longueur d'année", nous révèle-t-elle. À signaler, enfin, que le bureau de poste de l'enclave VIP du Club-des-Pins est resté ouvert durant toute la période de grève qui a durement pénalisé des millions de citoyens ordinaires. Là-bas, le service public semble parfait. M C L