Le mis en cause a révélé aux enquêteurs de la Gendarmerie nationale que ces documents ont été falsifiés en France par un Tunisien au profit d'un Algérien, qui l'a chargé de les introduire en Algérie via la Tunisie. L'histoire est abracadabrante. Un entrepreneur, réputé dans la wilaya de Annaba, n'a pas trouvé mieux pour engranger de l'argent que de faire rêver les harragas et autres candidats à l'exil en leur délivrant de faux papiers, mieux en leur procurant des cartes d'identité française, des passeports français et autres documents leur permettant la reconnaissance de mariage dans l'Hexagone. Ce qui n'était, au départ, qu'une affaire banale, a pris de l'ampleur et a surpris les enquêteurs en découvrant le pot aux roses. Ainsi, précise notre source, cette affaire est le fruit du suivi des investigations entreprises par la Section de recherches de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Annaba au sujet de l'affaire de la saisie des sceaux de l'Etat contrefaits, dans un local commercial de jouets d'enfants exploité par un commerçant (en fuite). En exploitant d'autres renseignements, les gendarmes ont, le 5 janvier dernier, interpellé le mis en cause à la cité 5-Juillet, à Annaba. Âgé de 28 ans, le nommé K. M., entrepreneur, demeurant à Annaba, est directement impliqué dans cette affaire, après avoir été identifié par les gendarmes enquêteurs, surtout qu'il était en possession de quatre cartes d'identité française falsifiées. Suite à quoi, les enquêteurs de la SRGN ont perquisitionné son domicile où ils ont saisi des documents falsifiés, dont un extrait de naissance français au nom d'une femme, un extrait de naissance français au nom d'un homme, une copie de certificat de nationalité française au nom d'un Algérien, deux copies de reconnaissance de mariage français de deux personnes. Lors de l'interrogatoire, K. M. a indiqué que ces documents avaient été falsifiés en France par un Tunisien au profit d'un Algérien, qui l'a chargé de les introduire en Algérie via la Tunisie, précisera encore notre source. Mais ce n'est pas encore fini ! En effet, les enquêteurs ont démontré que le 7 janvier dernier, avant son arrestation, la SRGN a été contactée au téléphone par une jeune fille, en précisant “être l'amie du nommé K. M. pour informer que ce dernier lui a confié un sac contenant des cachets contrefaits et des documents falsifiés, qu'elle a abandonnés dans une mosquée en voie de construction à la cité Sidi-Achour, commune de Annaba". Et c'est là que l'affaire a pris une autre tournure. Plutôt une grave tournure au vu de son développement. Des sceaux des ministères de l'Intérieur et de la Justice contrefaits En ce sens, notre source indique que les enquêteurs se sont déplacés sur les lieux, appuyés par un important dispositif. Après une opération de recherches, ils ont récupéré ledit sac en plastique de couleur rouge, renfermant des dizaines de documents falsifiés, dont un passeport algérien sans photo, deux passeports français, une carte d'identité nationale, sans photo, portant la griffe du secrétaire général de la daïra de Annaba, un permis de conduire, sans photo, portant la griffe du secrétaire général de la daïra de Annaba, vingt et une copies de certificat de nationalité algérienne vierges portant le cachet rond du tribunal de Annaba, vingt imprimés de cessation de recherche vierges, portant le cachet rond du tribunal de Annaba, dix imprimés du casier judiciaire (B3) vierges, portant les deux cachets ronds du greffier et du procureur adjoint, quatorze imprimés de permis de conduire vierges et huit imprimés de carte d'identité nationale vierges. Et ce n'est pas tout. Les enquêteurs sont tombés sur un lot impressionnant de cachets et de sceaux de l'Etat, dont un cachet rond portant l'inscription “Cour de Annaba le greffier", un cachet rond portant l'inscription “Tribunal de Annaba le greffier", un cachet rond portant l'inscription “Cour de Annaba le procureur général adjoint", un cachet rond portant l'inscription “Tribunal de Annaba le procureur de la République", un cachet rond portant l'inscription “wilaya de Annaba", un cachet rond portant l'inscription “wilaya d'e Annaba daïra de Annaba", un cachet rond portant l'inscription “daïra d'El-Bouni", un cachet rond portant l'inscription “Ministère de la Justice", un cachet rond portant l'inscription “Ministère de l'Intérieur" et un cachet rond portant l'inscription “commune de Annaba service d'état civil". C'est-à-dire tous les cachets et sceaux de l'Etat qui permettraient au trafiquant d'établir des documents aux victimes. Présenté devant le procureur de la République près le tribunal de Annaba, le mis en cause a été placé sous mandat de dépôt. F B