La Fondation Mahfoud-Boucebci a commémoré jeudi le 12e anniversaire du lâche assassinat à l'arme blanche de l'éminent psychiatre. Une rencontre scientifique a été organisée au CHU Frantz-Fanon de Blida sous le thème de “Médecines douces et médecines parallèles”. Dans son allocution d'ouverture, le président de la fondation a fait part du combat de Fanon, “qui portait un intérêt pour la culture, l'homme et la nation”. Un combat qui ressemblait, par bien des côtés, à celui de Mahfoud Boucebci, lauréat à deux reprises du Prix maghrébin de médecine, ex-président de la Société algérienne de psychiatrie et auteur de 190 titres qui témoignent de sa sensibilité, voire de son intérêt, notamment à l'enfance abandonnée, aux mères célibataires, aux handicapés mentaux, aux jeunes “à la dérive” et à la culture. Téric Boucebci a, en outre, expliqué les raisons du choix du thème. “En fouillant dans ses papiers, nous avons trouvé une communication sur cette thématique qui date d'il y a 20 ans”, a-t-il déclaré en insistant sur l'actualité du sujet. “Médecines douces et médecines parallèles” nous interpellent sur des techniques et pratiques apparues à travers le monde et qui sont en train d'envahir le marché de la santé. Certaines, comme la médecine traditionnelle ou la médecine chinoise, sont considérées comme des “médecines alternatives” ; d'autres, portant le sceau de la philosophie, du mystère et du religieux, suscitent parfois la colère des professionnels qui crient au charlatanisme, sinon un intérêt ou des interrogations lorsque “le miracle” se produit. Mais, les unes et les autres, tout comme la médecine moderne, tentent de répondre à une même question : comment vivre mieux et soulager la souffrance dans un siècle en profondes mutations, où la part de l'irrationnel est présente, pour atténuer le poids de l'irruption d'identités plurielles, de l'essoufflement des anciens modèles économico-sociaux, de l'épuisement des cadres politiques et syndicaux existant et la “déshumanisation” de l'acte de soigner. Plusieurs intervenants se sont succédé pour décrire les techniques thérapeutiques, introduites en Algérie, telles que la mésothérapie, l'acupuncture, la phytothérapie, la thalassothérapie et la sophrologie qui soulagent la douleur du corps et parfois de l'esprit, avec des injections sur des parties du tissu humain, les aiguilles et les massages, les plantes, l'eau de mer, la méditation et la contemplation, etc. L'exposé sur l'acupuncture, mené avec brio par le docteur Ahmed Hamid Brahimi, a provoqué un débat passionné. L'intervenant a rappelé que cette médecine millénaire est considérée par l'OMS “efficace et économique”. “C'est une médecine qu'on aurait tort d'ignorer”, a-t-il affirmé. Les deux dernières communications sont venues rappeler l'assistance à l'ordre, apportant la contradictoire et prévenant contre les dangers d'applaudir à toutes sortes de trouvailles. Ainsi, selon M. Bekkat, “il n'y a qu'une seule médecine”, dont les racines plongent au temps d'Hippocrate et de Galien, avant de devenir une “médecine moderne”. “Il n'y a pas de place pour des pratiques non éprouvées, non démontrées, non scientifiques (…), qui prétendent guérir”, a soutenu le président du conseil de l'Ordre des médecins d'Alger. Plus réaliste, le psychiatre Boudarène, lauréat 2005 du prix “Mahfoud-Boucebci”, a montré “le désarroi” de la médecine actuelle, laissant le malade s'en remettre au “surnaturel”, au “magique” et au “divin”. “Le sujet a besoin d'être rassuré, de croire et de forger la certitude qu'il va guérir”, a-t-il indiqué, plaidant pour “un savoir-faire global” des praticiens dans l'art de guérir, convaincu néanmoins que “les guérisseurs, les talebs, les imams, ne peuvent remplacer la médecine moderne”. Hafida Ameyar