Ces jolis prénoms féminins sont tous redevables de l'arabe, feddha, c'est-à-dire “argent", le métal précieux. En Kabylie, la forme du prénom est Fetta. L'argent est traditionnellement le matériau le plus utilisé par les orfèvres maghrébins : c'est une ancienne tradition, mais c'est aussi pour des raisons économiques, l'argent étant beaucoup moins cher que l'or. Le nom même de l'Amine, ou fonctionnaire chargé du contrôle de la corporation des bijoutiers, al-fod'd'a, argent, l'atteste. Les bijoux sont décorés avec du corail (Kabylie), des perles de verre (Aurès, Tunisie) ou des pierres colorées (Maroc). Souvent on accroche aux bijoux des pendeloques : colliers, boucles d'oreilles, diadèmes portent des ronds, des losanges, des fils d'argent, roulées en S, et surtout des mains ouvertes, la fameuse Khamsa ou Afus. D'ailleurs, la khamsa est elle-même portée en pendentif. On n'insistera pas ici sur la valeur prophylactique d'un tel objet. C'est l'utilisation des émaux, connue seulement dans trois régions du Maghreb, la Grande Kabylie, Moknine (Tunisie) et l'Anti Atlas marocain, qui fait aujourd'hui l'originalité de l'orfèvrerie berbère. Il faut cependant indiquer que les techniques de l'émaillage ne sont pas autochtones mais ont dû être importées par les artisans andalous qui, au moment de la reconquête de l'Espagne, ont afflué au Maghreb. Mais les bijoux, c'est-à-dire les éléments de la parure, sont très anciens dans les cultures maghrébine et saharienne. Avant d'être un élément de parade, la parure a d'abord été un élément prophylactique, destiné à prévenir le mauvais œil et les maladies. Aujourd'hui encore, de nombreux bijoux ont conservé cette fonction : c'est le cas des pendentifs en forme de main, signalés ci-dessus, de lune, et même de Coran, portant les sourates dites préservatrices, censées protéger du mauvais œil et des jeteurs de sort. Objet réservé aux femmes, le bijou symbole de richesse, d'abondance et de magnificence que l'on exhibe dans les fêtes et les cérémonies. C'est aussi une épargne à laquelle on recourt en cas de besoin. C'est pourquoi les familles se saignent pour pouvoir leurs filles en bijoux. M.A H ([email protected])