Le FFS ne participera pas à l'élection présidentielle. La décision n'est pas encore confirmée publiquement, mais elle ne suscite presque plus de doute. Contacté, hier, le porte-parole du parti, Karim Tabbou, nous a exposé l'argumentaire motivant une pareille position. “Si le scrutin présidentiel n'est pas reporté, si les bonnes conditions politiques ne sont pas réunies…, nous ne pourrons nous permettre de mentir à la population ou lui donner de faux espoirs à travers la prochaine élection.” Notre interlocuteur a ajouté que le FFS est parvenu “par anticipation à la conclusion que les jeux sont pratiquement faits”, ce qui rendra superflue une participation passive, en ce sens qu'elle n'impulsera pas le basculement vers un régime réellement démocratique. Dans les prochains jours, le Front révélera le document contenant une proposition de sortie de crise, à mettre en œuvre progressivement. L'opinion publique sait d'ores et déjà qu'il souhaite faire entrer le pays dans une nouvelle phase de transition, qui se traduira, à court terme, par le report du rendez-vous électoral, programmé pour ce printemps, afin d'organiser, à la fin de l'année, une élection présidentielle couplée de l'élection d'une Assemblée constituante. “Nous sommes de ceux qui croient qu'une élection crédible doit couronner une transition démocratique qui donne aux citoyens les instruments institutionnels et juridiques, leur permettant d'exercer pleinement leur droit de fonder leur Etat et de délivrer librement aux institutions leurs mandats”, a expliqué Karim Tabbou. Vraisemblablement, le FFS ne veut pas rééditer l'épisode de la consultation électorale d'avril 1999, où Aït Ahmed, avec cinq autres candidats (Mokdad Sifi, Mouloud Hamrouche, Abdallah Djaballah, Taleb Ibrahimi et Hassan Khatib), s'est retiré de la course la veille du scrutin au motif que la machine de la fraude était déjà mise en branle. Il se place, de ce fait, dans une démarche qui tend à exclure tout positionnement favorable, même indirectement, aux initiatives entreprises par les tenants du pouvoir dans une volonté de prolonger le système politique en vigueur. “Le procédé avec lequel Abdelaziz Bouteflika a été imposé à la tête de l'Etat ne pouvait que provoquer toutes sortes de régressions. C'est le cas aujourd'hui, puisque le président de la République et les généraux décideurs s'attaquent aux piliers de la démocratie (comprendre partis politiques, ndlr), en négociant parallèlement avec les zaouïas et les archs, c'est-à-dire les archaïsmes politiques”, a soutenu notre interlocuteur. S. H. “Nous ne nous intéressons pas aux modalités techniques” La direction du FFS a été invitée à prendre part aux rencontres des personnalités politiques, qui escomptent créer un front contre la fraude électorale. Selon des sources informées, Ali Yahia Abdenour et Taleb Ibrahimi se sont chargés de convaincre les responsables du plus vieux parti de l'opposition à adhérer à cette démarche. “Nous avons été effectivement sollicités par le groupe. Nous examinons l'offre”, a confirmé le secrétaire national à la communication Karim Tabbou. Il a indiqué, néanmoins, que son parti ne s'attarde pas sur les modalités techniques de l'élection présidentielle. “Nous restons convaincus que le règlement de la crise ne peut se résumer à la définition des standards avec lesquels un scrutin est organisé”, a-t-il affirmé. Plus explicite, notre interlocuteur a précisé que le FFS “croit que la solution ne réside pas dans le changement d'un président de la République par un autre tant que le même système politique reste en vigueur”. S. H.