Maintenant que le FLN a décidé de retirer ses élus de Kabylie, après le RND dont la décision remonte à deux mois, les yeux sont désormais braqués sur le FFS dont le parti détient la majorité des sièges avec près de 800 élus. Contacté hier par téléphone, le secrétaire national chargé à la communication et à l'information, porte- parole du parti, M. Karim Tabbou, a réitéré encore une fois le refus de sa formation de céder à ce qu'il qualifie “de coup de force”. “Qu'ils sachent que le FFS ne se soumet ni au diktat des autorités, ni aux sirènes de la corruption, encore moins au terrorisme intellectuel qu'ils sont en train de pratiquer”, a indiqué Karim Tabbou en réaction à des informations distillées hier dans la presse et faisant état de la volonté du parti de retirer ses élus de la Kabylie. “Il y a des agents déguisés en journalistes qui sont en train de relayer de l'intox et de la désinformation. Qu'ils sachent que la position du FFS reste inchangée et que notre détermination est de plus en plus grande”, a ajouté le responsable du FFS. Pour Karim Tabbou, la décision de Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, qui rejoint ainsi le RND d'Ahmed Ouyahia, ne procède que d'un calcul politique dont l'objectif, suggère-t-il en filigrane, est de solder les comptes avec les partisans du candidat malheureux à l'élection présidentielle du 8 avril 2004, en l'occurrence Ali Benflis. “L'envie du SG du FLN est de régler des comptes à l'intérieur du parti entre les différentes factions”, dit-il, non sans faire observer que “Belkhadem, issu d'un putsch, n'est pas bien placé pour donner des leçons de démocratie”. “Le règlement de comptes ne doit pas prendre en otage une région qui a de tout temps montré son attachement aux forces démocratiques”, estime-t-il, par ailleurs. Mais de façon plus globale, le FFS ne voit dans le geste du RND et maintenant du FLN qu'une “sous-traitance” aux décideurs après que la tentative de mobiliser la population via des “chargés de mission” se révéla inopérante. “Si l'objectif est de créer un dysfonctionnement, ils sont minoritaires. Mais sur le plan politique, les masques sont tombés. Vu que les chargés de mission n'ont pas réussi à mobiliser la population dans l'attaque des APC dont il faut rappeler qu'elle est passée de la phase d'empêchement du 10 octobre (le scrutin de 2002, ndlr), ensuite à la mise en quarantaine des élus et une vaine mobilisation de la population, ils ont décidé de négocier avec le FLN et le RND”, soutient Karim Tabbou. Pour autant, le FFS qui croit savoir que “les élus du RND et du FLN continuent à siéger”, se prépare à riposter à une éventuelle décision de dissolution même si elle est frappée, à ses yeux, du sceau de l'illégalité. “Si le Président avait un argument, il l'aurait fait. Il reste que nous allons démontrer l'illégalité de la mesure le jour où le décret sera promulgué et nous donnerons des preuves sur le terrain”, soutient Karim Tabbou. D'ailleurs dans ce contexte, une rencontre est prévue dans les prochains jours entre des responsables du FFS et la presse pour expliquer les détails juridiques et politiques de ce que le parti d'Aït Ahmed considère comme un “coup de force”. Consignés dans un document, ces arguments seront portés à la connaissance de l'opinion nationale et internationale. Sur un autre plan, le parti prépare une action d'envergure pour les prochaines semaines, et dont les responsables refusent pour le moment d'en révéler la nature. “En tout cas, nous sommes déterminés”, conclut le porte-parole du FFS. K. K.