Il vient récolter la bénédiction de Sidi Ahmed Ben Bouziane. À trois mois de l'expiration de son mandat présidentiel, le président de la République effectue la première visite de travail dans la capitale de la Saoura. Sa dernière visite dans cette région remonte à 1999. C'était en pleine campagne électorale. L'escale de Bouteflika dans cette ville, à proximité de la frontière ouest, est de l'avis des Bécharis une visite purement électoraliste. La Saoura accuse des carences criardes en matière d'investissements. Les habitants de la Saoura qui apprécient les efforts déployés par le Président au plan international, soulèvent les problèmes de développement et de chômage. Les jeunes Bécharis, à défaut d'un emploi plus ou moins décent, se livrent au trabendo et au trafic de drogue. Bouteflika, qui n'est pas attendu comme le messie, s'offrira néanmoins un bain de foule. L'administration et autres comités de soutien n'ont pas lésiné sur les moyens logistiques pour drainer des foules nombreuses devant fêter l'arrivée du locataire du palais d'El-Mouradia. L'on parle avec insistance que les 21 communes que compte la wilaya de Béchar seront représentées à la place El-Djamhouria où Bouteflika s'adonnera à cœur joie à un bain de foule. Les populations locales seront “parquées” sur les trottoirs nouvellement badigeonnés et dans les rues dont le macadam est fraîchement posé. Des portraits géants de Bouteflika sont affichés partout dans le chef-lieu de la wilaya. En fait, tout est arrangé pour assurer au président la réussite de sa sortie à la veille de l'échéance électorale d'avril prochain. Lamari Benahmed, le président de la section de football de JS Béchar, évoluant en division II, n'a pas caché sa joie de voir sa ville opérer sa mue. Il aurait aimé que Bouteflika retarde sa visite de quelque jours pour que toutes les artères de la ville soient retapées, puisqu'il dira : “Les services de la wilaya ou de l'APC n'ont effectué des travaux que sur les artères retenues pour l'itinéraire du Président, sinon le reste est abandonné et livré à son sort.” Et de poursuivre : “il ne faudrait pas cacher la vérité avec un tamis, les bécharis attendent le président pour se voir octroyer une enveloppe financière conséquente. Nous sommes une région pauvre. Le club que je dirige fonctionne avec seulement 5 millions de centimes pour toutes les catégories”. Du côté des comités de soutien à Bouteflika, l'ambiance qui règne s'apparente beaucoup plus à un rituel de fête. Le responsable régional de l'Unacs, M. Sahlaoui Abdelkader, nous a confié que les comités de soutien des 21 communes s'activent d'arrache-pied pour la réussite de la visite du chef de l'Etat. Au passage, il faudra relever que l'Unacs et le mouvement des “redresseurs” de Belkhadem se disputent le terrain du soutien à la candidature de Bouteflika, pour un second mandat. Chacun cherche à s'attirer les gratitudes et les sympathies du clan présidentiel. Sahlaoui n'hésitera pas, d'ailleurs, à tirer à boulets à rouges sur les “redresseurs”. “Les redresseurs devront d'abord redresser leur tête. Les jeunes Bécharis n'ont pas besoin de gens impliqués et éclaboussés par des scandales financiers. Ils veulent des personnes propres et intègres”, dit-il. Du côté des légalistes du FLN, on apprendra qu'aucune instruction n'a été donnée aux militants fidèles à Benflis. Les militants ont le libre choix entre le boycott ou la participation à l'accueil du chef de l'Etat. Le mouhafedh du FLN, M. Moussi, qui a préféré se confier à Liberté avec la casquette de proviseur de lycée, a affirmé que “les militants sont libres, je n'ai reçu aucune consigne de la direction nationale”. M. Moussi s'attelait, hier encore, à effectuer les derniers préparatifs pour accueillir le président dans son établissement qui fera l'objet d'une cérémonie d'inauguration. Cependant, il faut noter que le président-candidat ne faillira pas à sa tradition de faire valoir sa voie royale de son réseau : les zaouïas. Il devra, en effet, entamer sa visite dans la wilaya de Béchar par une escale dans la soirée d'hier à la zaouïa de Sidi Ahmed Ben Bouziane, située à Kandassa distante de 18 km du chef-lieu de la wilaya. Il préfère aller quêter la baraka des zaouïas nécessaire au sprint final prévu en avril. R. H.