Bouteflika est l'un des rares présidents à s'être rendu dans cette wilaya. Cité «Militaire», Béchar, voit intervenir la visite du chef de l'Etat au lendemain de l'adoption par l'Assemblée nationale de la nouvelle loi électorale, portant suppression des «bureaux spéciaux» de vote. C'est donc là un message fort du président de la République en direction des corps constitués du soutien desquels il ne pourrait se passer. Non indifférent, il ne tient donc pas à «zapper» l'armée, ici fortement représentée et dont les éléments ont consenti les plus gros sacrifices au plus fort du terrorisme pendant les années 90. Ainsi, c'est la première visite du chef de l'Etat à la Saoura, visite qui intervient finalement presqu'au bout d'un mandat présidentiel de cinq ans, même si, Bouteflika s'y est déjà rendu une toute première fois, mais dans le cadre d'une précédente campagne électorale: celle de 1999 où il était désigné comme seul candidat du consensus. Il est donc clair que les Bécharis ne peuvent voir en cette escale qu'une pure visite portant fortement le sceau «électoraliste». Il appartient donc au président de faire preuve de persuasion pour séduire, encore une fois, une population qui n'aspire qu'à plus de développement. D'autant que cette wilaya accuse une carence apparente en investissements productifs purs et aspire à récolter les fruits d'une relance économique pressante. Dans cette ville, commerçants et ménages se plaignent d'un quotidien peu clément fait de factures d'électricité et d'eau souvent «salées» ; un sujet sur lequel le chef de l'Etat sera certainement interpellé dans le sens de lui signifier de penser une politique énergétique spécifique au Sud, où le climat est extrême. Il ne tiendra qu'à lui de savoir jouer sur ce genre d'attentes citoyennes pour raffermir son aura politique, tellement précieuse en ces moments cruciaux, précédant le vote du printemps prochain. Quoi qu'il en soit, et même si Bouteflika foule le sol de la 3e Région militaire et tout ce que charrie cette dernière comme connotations stratégiques aux plans national et régional, vu la proximité de la frontière Ouest, il compte néanmoins y faire prévaloir les préoccupations de l'heure qui agitent la scène politique. Et comme à son habitude, il ne manquera pas de faire prévaloir la voie royale de son réseau : les zaouias. En se rendant à la zaouia Sidi M'hamed Ben Bouziane de Kenadsa, il ne manquera pas, par la grâce de ce réseau parallèle, qu'il chérit tant, de récolter toute la baraka nécessaire à un sprint final qui s'annonce déjà houleux. Au cours de son périple à travers le chef-lieu de la wilaya, le chef de l'Etat ne manquera pas d'inaugurer plusieurs infrastructures importantes, principalement l'hôpital civil de Béchar d'une capacité d'accueil de 240 lits. Ce dernier atténuera certainement la pression qui pesait jadis sur l'hôpital militaire. Par ailleurs, l'inauguration d'infrastructures culturelles et sportives est également au programme : il s'agit de la maison de la culture, du musée de la ville, d'un stade OMS de 5472 places, et d'une piscine semi-olympique couverte. Autant d'ouvrages capables d'occuper sainement une jeunesse pleine d'élan. Cette dernière ou du moins la frange active des quelque 240.000 habitants de la wilaya de Béchar se soustrait avec mille stratagèmes dont les petits commerces et l'investissement de créneaux de services pour déjouer les affres du chômage, souvent bien réel dans la région. Seule l'administration y est grande pourvoyeuse de postes d'emploi. C'est dire le peu de crédit qu'accorde une population presque «blasée» aujourd'hui au discours politique d'où qu'il émane. Pour le volet formation et enseignement supérieur, l'on annonce l'étude, la réalisation et l'équipement d'un Insfp (Institut de formation professionnelle) à livrer en juin 2004, la construction et l'équipement d'un lycée de 1000 places, de même que l'inauguration de deux résidences universitaires de 500 lits chacune, ainsi que celle de deux centres universitaires de 1000 places pédagogiques chacun. L'équipement de la ville de Béchar d'une station de distribution publique de gaz permettra, à la faveur de cette visite, de soulager la population de la dépendance du gaz butane. Sur le volet social, est attendue, entre autres, l'inauguration de 100 logements locatifs livrables en juin 2004. Abadla, ou ce qui fut la seconde vallée agricole de l'Algérie après la Mitidja, est à son tour dotée d'un tribunal et d'une cour de justice. Enfin, est retenu le coup d'envoi des travaux de la ligne ferroviaire à voie normale Mécheria-Béchar, d'un tracé de 358,231 km sur la voie principale. Notons qu'à la veille de cette visite présidentielle, les comités de soutien au président-candidat se disputaient le leadership de la représentativité en la matière. L'une est menée par M.Slaoui qui tient à fédérer la société civile, alors que l'autre est drivée par M.Ben Dada. Le tout dans un décor fait de banderoles drapant les principales artères de la ville de Béchar et où est glorifié l'artisan de la concorde nationale.