Le mammobile El-Amel a pris le départ, hier, d'Alger vers Biskra où sera effectuée la première opération de dépistage organisée du cancer du sein. Cette opération-pilote, qui sera officiellement lancée demain, au chef-lieu de la capitale des Zibans, profitera progressivement à quelque 80 000 femmes des 33 communes de cette wilaya sur une période d'une année. L'objectif de cette opération est de “permettre aux femmes de toute la région de Biskra de se faire dépister gratuitement. Après la première année expérimentale que nous souhaitons réussir, nous allons progressivement étendre l'opération vers d'autres wilayas du pays ; nous ciblerons notamment les régions enclavées", a expliqué la secrétaire de l'association El-Amel, Hamida Kettab, qui a présenté le mammobile, camion équipé du matériel nécessaire pour le dépistage dont les appareils de mammographie et d'échographie, à l'occasion d'une cérémonie tenue dans la matinée d'hier au ministère de la Santé. Pour réussir cette opération, première du genre en Algérie, l'association El-Amel, en collaboration avec les cancérologues, chacun dans sa spécialité, a préparer le terrain depuis déjà quelques mois. Elle a notamment anticipé la mise en place d'une unité d'oncologie et une autre d'oncologie à l'hôpital de Biskra. La formation du corps médical, affecté dans ces unité, a été assurée par les services de sénologie et d'oncologie du CPMC, dirigé respectivement par les professeurs Ahmed Bendib et Kamel Bouzid. Dans son exposé lors de la cérémonie d'hier, le Dr Benyahia du service radiologie du CPMC, dirigé par le professeur Salaheddine Bendib, et néanmoins président du comité scientifique mis en place pour la gestion et le suivi de l'opération du dépistage par mammobile, a rappelé les statistiques alarmantes faisant état de l'avènement de quelque 10 000 nouveaux cas chaque année. L'âge de survenue est estimé à 45 ans. Et le Dr Benyahia d'insister sur l'importance du dépistage précoce de ce type de cancer, à même, dit-elle, de faciliter la prise en charge des cas positifs découverts au stade primaire. “Le dépistage précoce du cancer du sein a permis la diminution de la mortalité de 20%, ainsi qu'il a permis la réduction du coût de la prise en charge des patientes", a-t-elle martelé. Le Dr Benyahia a rappelé que la présente opération-pilote de dépistage, qui se veut un chapitre du plan national cancer, va permettre aux professionnels d'établir une étude épidémiologique prospective, et une évaluation de la faisabilité d'un dépistage organisé dans notre pays. Ceci, enchaîne-t-elle, à même d'avoir une vision claire sur la stratégie de faire l'extension de l'opération de dépistage à l'ensemble du territoire. À son tour, le doyen des cancérologues, Ahmed Bendib, souhaite que l'opération de dépistage fasse inverser un jour la réalité des chiffres, indiquant, actuellement, l'existence de 95% des cancers du sein sous des formes palpables, et seulement 5% se présentent sous des formes infraclinique. Autrement dit, la grande majorité des femmes se présentent aux hôpitaux à des stades souvent avancés. À rappeler que l'acquisition du mammobile a été rendu possible grâce au concours de l'opérateur historique Mobilis qui a répondu à l'appel de l'association El-Amel. Sur le terrain, l'opération sera sponsorisée et accompagnée pendant trois années par les laboratoires Roche-Algérie. Attendu pour annoncer d'autres projets similaires à la louable initiative du mouvement associatif, Abdelaziz Ziari, ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, n'a pas trouvé mieux que de s'en prendre à la presse nationale qu'il accuse “d'exercer des pressions" sur son département à chaque fois qu'un manque est signalé par-ci ou par-là. N'est-ce pas que la presse ne fait que rapporter des faits dénoncés à la fois par des malades et des professionnels ? F A