D'autres prénoms, comme Saddam, Khomeiny, Seïf El-Islam, Sandra, Laëticia, Camille, Matteo, Maxime... sont acceptés sans encombre par l'état civil. Plusieurs cas de refus de prénoms amazighs par l'état civil ont été rapportés par la presse ces dernières années. Ce refus ne touche pas uniquement une région particulière. Des exemples viennent des quatre coins du pays, même si dans certains cas, les citoyens, par peur de représailles et sous l'effet de pressions, évitent de rendre publique l'affaire, ce qui rend le travail de statistiques difficile. Toutes ces affaires liées au refus d'inscrire des nouveau-nés sous des prénoms amazighs sont souvent traitées par la justice. Ainsi, ce sont les procureurs de la République qui décident des suites à donner aux requêtes des citoyens. À Oran, le prénom Massiva a été interdit. Le père de la petite ne voulant pas céder devant l'intransigeance de l'administration a dû mener un combat de longue haleine pour inscrire, enfin, sa fille, et ce, après cinq années d'attente. Ainsi, la petite Massiva a vécu une partie de son enfance sans un prénom officiel. Ses parents, avec l'aide du HCA, ont été obligés de reprendre les démarches auprès de la justice et de l'administration pour l'inscrire afin qu'elle puisse faire son entrée à l'école. À Batna, plus précisément à Aïn Touta, le père des jumeaux Gaïa et Micipsa ont été privés de prénom par l'administration de leur région de naissance. Même procédure que le père de Massiva, le paternel de Gaïa et Micipsa a dû attendre, lui aussi, plusieurs années pour inscrire enfin ses deux fils. Cette situation, ubuesque, faut-il le dire, est vécue par les parents aussi bien à Alger, au sud du pays, à l'Est, comme à l'Ouest. Le cas de l'APC de Tizi Ouzou En Kabylie, berceau de la revendication identitaire, les citoyens de la région sont confrontés depuis quelques années au refus d'inscrire leurs enfants sous des prénoms amazighs, lesquels ont été de tout temps acceptés par l'état civil dans la région, même durant les années 1970, lorsque le simple fait de parler kabyle pouvait, quelquefois, être considéré comme un acte “subversif". Depuis le retour du FLN aux commandes à l'APC de la ville de Tizi Ouzou, des centaines de citoyens ont été confrontés à ces refus inexpliqués. Des centaines de requêtes ont été traitées par la justice. Le retour du FLN aux commandes, et en s'appuyant sur le décret de mars 1981, a fait du refus de prénoms amazighs un sacerdoce. L'APC de Tizi Ouzou s'est illustrée pitoyablement par des centaines de refus. Révoltés, les citoyens de la région voyaient en ces réactions épidermiques anti-amazighes, une provocation de la part des pouvoirs publics. Plusieurs dénonciations ont eu lieu. Sur le terrain, seul le MAK a pris la responsabilité de dénoncer cet état de fait qu'il assimile à de “l'antikabylisme". Massiles, Taknarit, Mass-tyas, Aylan... et tant d'autres prénoms amazighs, pourtant connus et reconnus dans la région, ont été interdits par l'état civil de l'APC de Tizi Ouzou. Parallèlement à ces refus, d'autres prénoms, comme Saddam, Khomeiny, Seïf El-Islam, Sandra, Laëticia, Camille, Matteo, Maxime... sont acceptés sans encombre par l'état civil. D'autres à connotation terroriste, comme Oussama Ben Laden, sont inscrits dans plusieurs mairies algériennes, sans que cela ne pose problème. M. M.