Ce spécialiste des ressources en eau qui affiche une longue expérience dans le secteur dresse un état des réalisations depuis l'indépendance du pays. Dans un entretien accordé à Liberté, le premier responsable de l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), Brahim Nessala, souligne que ce qui été réalisé en termes de barrages en dix ans est supérieur à celui réalisé depuis l'existence de l'Algérie. Avant 1962, l'Algérie disposait de 12 barrages. Aujourd'hui, l'ANBT exploite 68 barrages. En 10 ans, l'agence a réceptionné 25 barrages. Aujourd'hui, les barrages exploités ont une capacité totale de 7 milliards de mètres cubes. L'ANBT met à la disposition des usagers 1,5 milliard de mètres cubes par an dont 900 millions de mètres cubes pour l'approvisionnement en eau potable et 600 millions de mètres cubes pour l'irrigation. Réserves en eau des barrages : une sécurité de deux ans Les réserves en eau des barrages sont de 4,6 milliards de mètres cubes actuellement (chiffres fournis avant les précipitations et la neige en kabylie et dans plusieurs villes des Hauts-Plateaux de ces dernières semaines). Ce qui donne à l'Algérie une sécurité de deux ans en matière d'approvisionnement en eau potable Sur ce plan, face à une caractéristique du pays : un pays semi-aride, soumis fortement aux aléas climatiques et face aux conséquences des changements climatiques, l'ANBT s'attelle à renforcer cette sécurisation en matière de ressources hydriques à travers l'hydro-solidarité entre régions, c'est-à-dire les interconnexions entre barrages. En l'occurrence la région de Bouira sera raccordée au barrage de Boukourdane à travers l'interconnexion Tiledsit- Lakehal. L'ANBT enregistre 13 barrages en cours de réalisation. En principe le barrage de Mahoel-Draâ Eddis dans la Wilaya de Sétif d'une capacité de 80 millions de mètres cubes, partie intégrante du projet d'aménagement des hautes plaines sétifiennes sera livré en 2013. Même topo pour deux barrages à El-Tarf et Batna. L'agence annonce la réception en 2013 du transfert d'eau à partir du barrage de Koudiat Acerdoune. Il va desservir les couloirs M'sila-Sidi Aïssa et Berrouaghia-Médéa-Sidi Slimane. Le transfert des eaux à partir du barrage D'ourkiss et qui dessert le couloir Oued Athmania-Aïn Beïda-Oum El-Bouaghi est en procédure d'appel d'offres. Par ailleurs, l'opération de réhabilitation de 10 barrages, partie électromécanique, a été confiée à l'entreprise Alieco (ex-ENCC). Forte dépendance à l'égard des bureaux d'études étrangers Le DG de l'ANBT reconnaît la forte dépendance de l'Algérie à l'égard des bureaux d'études étrangers (BET) en matière d'études : avant-projets détaillés (APD), étude de faisabilité du projet et d'exécution. Les BET suivants se partagent le marché : Ceba (Portugal, ENB (Grèce), Dar El-Handassah (Liban), ESL ET Coynier Belier ( France). A cet effet, l'Anbt envisage de conclure un partenariat avec un BET étranger de référence pour réduire cette dépendance qui coûte à l'Algérie en matière de transfert de devises. L'ANBT gérait un portefeuilles de projets de 900 milliards de dinars depuis 2008. Elle gère actuellement un portefeuille de 350 milliards de dinars, ce que l'ANBT appelle le programme en cours de réalisation . L'ANBT, ajoute Brahim Nessala, s'attelle à préserver la ressource via un budget d'exploitation d'environ 30 milliards de dinars qui inclut des opérations de dévasement des barrages. On poursuit la protection des bassins versants (risque d'érosion et donc d'envasement) à travers le dévasement et le reboisement. L'ANBT effectue des études de protection des barrages. Elles ont montré de bons résultats. Le taux d'envasement est en moyenne de 10% des capacités des barrages. La direction générale des forêts effectue des travaux de reboisement des bassins versants. Les barrages de Ghrib, Beni Amrane, Beni Bahdel sont touchés par ces opérations de dévasement. Quant à la pollution des eaux des barrages, ce problème est réglé, indique le DG de l'ANBT, qui ajoute que tous les barrages sont dotés de stations d'épuration. K. R.