“El Hadj est parti, Allah yarhmou" était depuis dimanche après-midi dans toutes les discussions à Collo. En effet, dans tout le massif de Collo, l'heure était au chagrin et à l'émotion à la suite de la disparition de feu Abderrezak Bouhara. Natif de Collo, El hadj, comme on l'appelait ici, n'a jamais coupé ses ponts avec la cité de Sidi Achour. Il n a jamais, aussi, coupé ses liens avec ses anciens amis d'enfance qu'ils soient de l'ex- quartier El khat Lahmar, de l'ex-école des indigènes ou les marins-pêcheurs auprès desquels il bénéficiait d'une grande estime. Al hadj attablé chez son ami le défunt Elamoz dans le vieux port de pêche en train de déguster des sardines en friture est une image qui restera gravée dans la mémoire de générations entières de Colliotes. L'homme croyait en la social-démocratie comme doctrine. Le nom de Bouhara, à Collo, est aussi intimement lié au mouvement sportif local. Lui-même sportif et ancien scout, il fut dans les années 1980 le sage qui assura à la glorieuse équipe du WKFC sa stabilité. Pour la jeunesse intellectuelle locale, Bouhara a été un grand formateur. A plusieurs reprises, il a animé des conférences débats à Collo, afin de partager son capital-expérience avec la nouvelle génération. Hier, des dizaines de Colliotes ont tenu à exprimer leur émotion en tenant un rassemblement devant l'hôtel de ville. Une façon pour ces personnes anonymes qui n'ont pas pu, pour une raison ou pour une autre, faire le déplacement à Alger afin d'accompagner El Hadj à sa dernière demeure d'entamer leur deuil. L'homme, malgré les responsabilités qu'il a assumées durant sa carrière au sein de l'ALN-ANP, le gouvernement, le parti-Etat et le Parlement est resté modeste. Le pouvoir ne l'a jamais enivré et les gens simples lui ont rendu un hommage à la hauteur de sa grandeur. M K