Il n'y a pas que les scandales qui viennent d'Italie. Il y a aussi le “Pollice Verso". Cette pratique de la Rome antique, lorsque le pouce inversé désigne une exécution ou une mise à mort d'un gladiateur. Reste à savoir à qui s'adresse le pouce de Bouteflika dans le scandale Sonatrach ? Le président Bouteflika est finalement entré dans l'arène. Alors que le peuple demande des têtes, que l'Etat demande de la gouvernance et que la morale demande de la vertu, Bouteflika est venu dire à tout le monde ce qu'il voulait entendre. Le Président est en colère, réprouve les scandales et ne passera pas sous silence les affaires de corruption à Sonatrach. Et au regard de l'énormité du scandale, il ne pouvait pas faire moins. Maintenant que cela a été dit, qu'est-ce qu'il va se passer ? Autrefois, la plèbe était divisée sur le sort réservé à ceux qui descendent dans l'arène. Aujourd'hui aussi. Ceux qui disent qu'il faut épargner celui qui se sacrifie pour l'amusement de César, qu'il n'est que l'incarnation d'une époque où l'on donne au peuple “du pain et des jeux" (traduisez Ansej et crédits à la consommation en italien) alors que la noblesse s'enrichit. Et ceux qui réclament la mort de celui qui n'a pas su être brave devant la plèbe, préférant le déshonneur et l'exil à une sentence sans appel (comme se réfugier à Londres ou à Dubaï au lieu d'affronter un magistrat). Dans les deux cas, César n'est jamais en faute. Ce sont ses sujets qui ont trahi sa confiance. Mais puisque la dignité est absente, il faudra que la justice reçoive un signal clair du premier magistrat du pays pour qu'elle fasse aboutir des cartons de preuves remplis de poussière. Ce qui vient d'être fait. Car dans l'affaire Sonatrach, que certains veulent rendre complexe, les choses sont assez simples. Une caste protégée, géographiquement localisée, ayant une immunité indécente et qui a prospéré à l'ombre d'une justice paralysée par les enjeux, a volé l'argent du peuple pour s'enrichir. Bouteflika a tranché dans le vif, mais à la différence de César, il n'entendra jamais, de la part de ces gens-là, la phrase magique : “Avé Bouteflika, ceux qui vont mourir te saluent." M B