L'Italie s'est enfoncée dans une impasse lundi, avec une Chambre des députés à gauche et un Sénat sans majorité, à l'issue d'élections marquées par le boom de l'ex-comique Beppe Grillo ! Silvio Berlusconi a dit exclure un accord avec les centristes de Mario Monti et réfléchir à un possible accord avec le centre gauche. “Le pays affronte une situation très délicate", a commenté Pier Luigi Bersani, leader de la gauche dont la coalition a remporté le plus de voix dans les deux chambres du Parlement, sans obtenir la majorité de sièges à la Chambre des députés, alors qu'au Sénat, en vertu de règles électorales différentes, c'est la droite qui a empoché le plus de sièges. Le résultat est qu'aucune majorité claire ne s'est dégagée, même en cas d'une hypothétique alliance entre la gauche et le centre du chef du gouvernement sortant Mario Monti. Un Parlement bloqué, comme en a le secret l'Italie. La situation de blocage tient au fait que les deux chambres en Italie disposent des mêmes prérogatives et qu'une coalition doit disposer de la majorité dans chacune d'elle pour faire adopter ses réformes. La clef de son déblocage est entre les mains de Silvio Berlusconi qui a justement ouvert la possibilité d'un accord avec le centre gauche. L'ancien président du Conseil a accompli un surprenant retour en politique, malgré ses multiples casseroles, des affaires d'alcôves aux affaires de business, en proposant de jouer le joker, les centristes de Mario Monti, le chef du gouvernement sortant largement désavoués par les électeurs. Pour Silvio Berlusconi, un vieux routier de la politique populiste et dont l'alliance de centre droit devrait compter 117 élus au Sénat contre 119 pour celle de centre gauche, “l'Italie devait être gouvernée et que chaque camp fasse des sacrifices afin de s'entendre". Il Cavaliere joue son dernier atout, sachant que les juges l'attendent impatiemment au tournant. Il a besoin de mandat lui assurant l'impunité. Seul véritable vainqueur du scrutin, Beppe Grillo et son Mouvement 5 Etoiles (M5S) qui s'est révélé plus populiste que Berlusconi, un populiste de gauche qui a séduit sur le rejet de la classe politique, la colère contre l'austérité et la défiance à l'égard de l'Europe. Catalyseur du malaise social dans un pays en pleine récession économique (- 2,2 % en 2012), il a pris des voix aussi bien à la droite qu'à la gauche, avec un programme irréaliste : fin du financement public des partis politiques, revenu minimum de 1000 euros et référendum sur l'euro. Il a obtenu aux alentours de 25% dans chacune des deux chambres, devenant la troisième force politique du pays. La coalition de gauche de Pier Luigi Bersani, qui remporte 29,5 % des voix, s'adjuge la majorité des sièges à la Chambre (340 des 630 sièges), grâce à un système qui accorde 54% des fauteuils à la formation arrivant en tête. Mais au Sénat, où la prime de majorité est accordée par région, les résultats donnent le centre gauche très loin de la majorité absolue des 158 sièges. En termes de voix, la gauche en remporte 31,63% et la droite 30,71%. D. B.