Le centre gauche a remporté lundi les élections législatives en Italie mais doit nouer des alliances au Sénat où il n'a pas réussi à obtenir la majorité pour pouvoir gouverner. Majoritaire à la Chambre des députés (340 sièges sur 630), et sortie en tête au Sénat (119 sièges sur 315), la coalition menée par Pier Luigi Bersani, est contrainte de s'allier avec d'autres partis pour éviter l'impasse politique dans la troisième économie de la zone euro, relèvent mardi les analystes. Une alliance avec la coalition menée par le président du Conseil démissionnaire, Mario Monti, qui a obtenu 18 sièges au Sénat, ne lui permettant pas de constituer une majorité à la chambre haute, Bersani doit composer avec le mouvement 5 étoiles (54 sièges) de Beppe Grillo, pour former un gouvernement. Bersani ne peut pas compter sur l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi, dont la coalition du centre droit est sortie en seconde position au Sénat (117 sièges), du fait que ce dernier ne cessait de diaboliser la gauche toutes tendances confondues, qu'il qualifiait de "communiste". Pourtant, à une question sur un accord avec le centre gauche, au lendemain des résultats du scrutin, il a fait savoir que cette éventualité demande "beaucoup de réflexion", pour trouver une solution qui soit "utile à l'Italie". Berlusconi, qui a exclu "un retour aux urnes", face à l'impasse politique qui se profile, a rejeté "toute alliance" avec Mario Monti dont il n'a pas cessé de fustiger la gouvernance au cours de la campagne électorale. En cas d'absence d'accord avec Berlusconi, l'unique solution offerte à Bersani, pour éviter le blocage du Parlement et par conséquent, contraindre le président de la République, Giorgio Napolitano, de convoquer de nouvelles législatives, reste Grillo, mais lui également, refuse toute idée d'alliance avec les partis. L'impasse politique qui plane sur le pays inquiète beaucoup aussi bien en Italie qu'en Europe et les médias italiens y sont allés de leurs commentaires au lendemain de ce scrutin. Les journaux les plus en vue évoquent un "Parlement bloqué", une "Italie ingouvernable" : les quotidiens italiens s'inquiétaient de façon unanime mardi de cette impasse politique provoquée par l'absence d'une majorité au Sénat, au lendemain des élections législatives. A propos du courant de Bersani, La Repubblica a relevé "l'arrière-goût amer d'une victoire quasi symbolique de la gauche qui l'emporte grâce à une poignée de voix et n'est pas auto-suffisante au Sénat, même avec l'inutile béquille de Mont", constatant "un parlement difficilement gouvernable et un électorat hautement inflammable", qui a en partie voté pour Berlusconi et Grillo, qualifiés de "populistes". La Stampa a jugé que "l'Italie réelle a exprimé tout son malaise". "Avec ce vote, on entend les voix de ceux qui ne trouvent pas de travail, ne bouclent pas les fins de mois avec leur retraite, pensent ne pas avoir d'avenir et s'enfuient à l'étranger, et de ceux qui ont vu les nouveaux impôts comme une insupportable vexation", écrit le journal. Face à cette situation, La Stampa a noté qu'il faudrait "trouver des convergences entre les partis traditionnels et les nouveaux parlementaires du mouvement 5 étoiles", appelant à ce qu'ils soient "traités comme une ressource, pas comme des ennemis". Dans la zone euro, les inquiétudes s'affichent après le scrutin de dimanche et lundi. "Il est essentiel et dans l'intérêt de toute l'Europe que l'Italie se dote vite d'un gouvernement stable et opérationnel", a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle. Pour son homologue espagnol, José Manuel Garcia-Margallo, c'est "un saut dans l'inconnu qui n'annonce rien de bon pour l'Italie ou pour l'Europe". De son côté, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a estimé que "les électeurs italiens avaient envoyé un message de protestation à l'Union européenne", et ont voté "contre la politique d'assainissement budgétaire". Le vote italien et les incertitudes qui ont suivi, ont plombé les marchés financiers. Les taux obligataires italiens sur 10 ans ont grimpé de 25 points de base, à 4,74%. De leur côté, les places financières européennes ont ouvert en baisse.