Résumé : Après une longue discussion avec Katia, Azad décide de prendre quelques heures de repos. Mais le sommeil le fuyait. Il repense à tout ce qu'il avait vécu avant de quitter la maison parentale... Il avait tant souffert, et ce n'est pas un hasard s'il avait opté pour des études en psychologie, il voulait comprendre les tréfonds de l'âme humaine. La conscience existe-t-elle chez tout le monde ? Le jeune homme s'étire. Il avait toujours pensé que le sommeil était une échappatoire à ses maux. Mais ce n'était pas le cas. Pis encore, lorsqu'il s'endormait, il touchait plus vivement la profondeur de ses blessures internes. Il faisait parfois des cauchemars qui le réveillaient en sursaut. Alors, comme il ne voulait pas user de somnifères, il tentait de calmer ses frayeurs par une fuite en avant. Souvent il trouvait refuge dans des forums sur Internet. C'est incroyable ce que les “inconnus" pouvaient raconter. Chacun tentait de purger sa peine en étalant ses maux sur la toile... Il y avait même certains qui tentaient de trouver des solutions à leurs situations. Une fois, il se le rappelle bien maintenant, une femme avait tenté de mettre fin à ses jours. Un mot dans le forum, et tous les internautes branchés ce jour-là s'étaient mis à lancer des mises en garde ou des mots apaisants. Grâce à toute cette solidarité, le message de la femme avait été capté et localisé, et les secours étaient arrivés juste à temps pour l'empêcher de se jeter dans le vide. Azad rouvrit les yeux. Il se relève et s'appuie sur un coude en tendant l'oreille. Des éclats de voix lui parvenaient, sa belle-mère était en train de sermonner Katia. Il entendit sa sœur sangloter. Que se passe-t-il ? Etait-il à l'origine de cette dispute ? Un moment plus tard, il n'entendit plus rien, le calme était revenu dans la maison. De sa fenêtre restée grande ouverte, il entendit le moteur d'un véhicule, il n'eut aucun doute : sa belle-mère était sortie. Il se rallonge et prend une revue qu'il se met et à feuilleter d'un air distrait. Non, il ne fera pas long feu dans cette maison où il étouffait. Il n'était plus un enfant, aujourd'hui il est adulte et responsable. Il prendra sa vie en charge et saura dévier les mauvaises intentions de sa belle-mère. Sans s'en rendre compte, il s'endormit. Et cette fois-ci aucun cauchemar ne vint provoquer son sommeil, il était revenu sur les “lieux du crime". Il avait l'impression de planer au dessus des cieux et des montagnes, il se sentait léger et si insoucieux qu'il tentait de maintenir son équilibre en apesanteur. Il regarde en-dessous des nuages et remarque que les pigeons émigraient vers d'autres lieux... En fait, il ne savait même pas où il se trouvait, ni pourquoi ni comment il était arrivé à voler si haut. Mais peu lui importait, il était heureux, et c'était l'essentiel. Il entendit un bruit... Des coups qui résonnaient à ses oreilles. Il relève la tête pour voir d'où cela venait et ouvrit tout grand les yeux. Un plafond blanc décoré de rosaces et un lustre. Il eut du mal à se rappeler où il était. Puis la mémoire lui revint, il était dans sa chambre, et les coups venaient de la porte. Il se lèvre promptement et ouvrit. C'était Katia : - Azad, on t'attend pour le dîner, tu pourras nous rejoindre dans une dizaine de minutes. Il se frotte les yeux et sourit : - Très bien Katia, où est la salle de bain ? Elle tendit son bras : - C'est par là, tu ne te rappelles donc plus ? - Si, mais comme on avait tout changé dans la maison... Il s'empare de sa trousse de toilette et s'enferme un moment dans la salle de bains, avant de revenir dans sa chambre pour se changer et se donner un coup de peigne. Il remarque sur la coiffeuse les deux écrins qui comportaient les cadeaux destinés à son père et à sa belle-mère. Va-t-il les prendre avec lui et les leur offrir durant le dîner ? Il hésite un moment puis décide de les mettre dans la poche de son blouson... A pas de loup, il descendit les escaliers. Il entendit des voix dans la cuisine. Sa belle- mère discutait avec Katia, mais son père lisait le journal dans la salle à manger, en attendant que le dîner soit servi. Azad donne un léger coup à la porte de la pièce. Son père relève les yeux et lui fait signe d'avancer : - Alors, tu t'es reposé ? - Oui, assez. - Nous allons dîner, et puis nous irons prendre le thé au salon. Il lui tendit le journal : - Un coup d'œil sur les nouvelles du soir ? Pour masquer sa gêne, Azad s'empare du journal et se met à lire furtivement les grands titres. En France, il suivait régulièrement les nouvelles du pays, cela lui permettait d'être au courant de tout ce qui s'y passait. L'économie, la politique, les grands projets de l'heure, etc. Tous les évènements l'intéressaient. - Il n'y a rien de neuf, c'est tout juste du réchauffé. (À suivre) Y. H.