Pendant que la France insiste pour dire qu'elle ne détient aucune preuve de la mort des deux chefs d'Aqmi, Abou Zeïd et Belmokhtar, le Tchad persiste et signe quant à leur élimination par ses troupes stationnées dans le Nord-Mali. Paris et N'Djamena n'arrivent pas à accorder leurs violons sur la disparition des deux chefs d'Aqmi, Abdelhamid Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar. En effet, en réponse à la certitude du président tchadien, Idriss Deby Itno, qui a réaffirmé lundi que les deux chefs islamistes Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar avaient été tués dans des combats dans le nord du Mali, la France répond du tac au tac en assurant qu'elle n'avait aucune preuve confirmant leur mort. Dans un discours retransmis en partie au journal du soir, le président Deby a réaffirmé : “Deux des chefs terroristes — Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar — qui écument le Nord-Mali ont trouvé la mort lors des affrontements qui ont eu lieu le 22 février et 2 mars (...) au Nord-Mali, entre les forces armées tchadiennes et les islamistes." Il a également ajouté : “C'est par respect des principes de l'islam que les dépouilles de ces deux terroristes n'ont pu être exposées. C'est sur cette base que je peux répondre au ministre français de la Défense (Jean-Yves Le Drian, ndlr) qui souhaiterait avoir des preuves." De son côté, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a martelé lundi soir : “Je n'ai pas de preuve de la mort de ces deux hommes." Il a même ajouté : “Je ne vous dirai pas que l'un et l'autre sont morts car je ne le sais pas." Ces déclarations contradictoires interviennent alors que la station Radio France internationale (RFI) publiait lundi soir, sur son site Internet, une photo présentée comme celle du cadavre du chef islamiste, Mokhtar Belmokhtar. Selon RFI, c'est cette photo qui a déterminé les autorités tchadiennes à annoncer la mort au combat du chef islamiste qui a mené une prise d'otages massive et sanguinaire en janvier sur un site gazier du sud de l'Algérie, In Amenas. Les morts de Belmokhtar et d'Abou Zeïd avaient déjà été annoncées par le Tchad en fin de semaine dernière. Mais ni Bamako ni Alger ne les ont confirmées. Le décès d'Abou Zeïd, un des chefs au Mali d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), semblait cependant se confirmer lundi tandis que celui de Belmokhtar restait incertain. Ceci étant, l'affaire des sept otages français détenus par des groupes islamistes que l'on pensait être dans le massif des Ifoghas constitue un facteur justifiant la position prudente de Paris sur la mort des deux chefs d'Aqmi, car il ne veut pas les mettre en danger. À ce sujet, le chef d'état-major des armées françaises, l'amiral Edouard Guillaud, a reconnu que l'armée française ne savait pas où ils se trouvaient. “Il est possible qu'ils aient été déplacés, pas forcément vers un autre pays", a dit le chef d'état-major des armées françaises. Dans le même ordre d'idées, les familles de quatre Français enlevés au Niger en 2010 ont estimé, dans un communiqué, que leurs proches ne seraient pas sauvés par les opérations militaires et ont appelé le gouvernement français à “négocier" avec Aqmi. Le ministre français a, de son côté, a affirmé lundi soir qu'“au moment où nous parlons, tout laisse penser que les otages français retenus au Sahel sont en vie". M T