Le parti de Bouguerra Soltani entretient le flou sur sa position par rapport à la présidentielle. Le madjliss echoura du MSP, en session extraordinaire le week-end dernier, a ajourné l'annonce de sa position par rapport à l'élection présidentielle du Printemps 2004. L'instance souveraine entre deux congrès a laissé sa session ouverte, sans fixer de date pour une prochaine rencontre. Elle a chargé le bureau politique de lui préparer un exposé plus fourni en détails sur l'imminente échéance électorale. L'issue du huis clos du conseil consultatif, hier, en milieu d'après-midi, était, au demeurant prévisible. La veille, lors de son allocution d'ouverture, le président du parti, Bouguerra Soltani, a clairement invité les membres de l'instance consultative à prendre le temps nécessaire à la maturation de leur décision. “La course à la magistrature suprême, en dépit du tapage médiatique, n'a pas encore commencé. On en n'est encore qu'à la phase de l'échauffement (…) Je crains que certains ne se fatiguent ou dépriment parce qu'ils se sont engagés dans la bataille avant l'heure (…) Ne vous pressez pas à prendre une décision…”. Le successeur du défunt Mahfoud Nahnah s'est attelé à démontrer que la formation qu'il préside constitue le pivot de la prochaine consultation présidentielle : “Notre participation avec notre propre candidat entraînera une élection à deux tours ; notre alliance avec une autre partie tranchera l'adversité en un seul tour ; notre boycott discréditera le scrutin.” De toute vraisemblance, Bouguerra Soltani a adressé là un message au président de la République Abdelaziz Bouteflika, pour lui signifier que c'est le MSP qui lui fera gagner un second mandat présidentiel s'il décidait, en fin de parcours, de lui accorder sa caution. C'est le MSP aussi qui le privera d'une potentielle victoire au premier tour s'il venait à mettre en lice pour la présidentielle un candidat issu de ses rangs. En entretenant davantage l'ambivalence sur sa position, le MSP entend assurément gagner du temps. Pour quelle raison ? Il est possible que le mouvement s'échine à monter les enchères, en ce sens qu'il cherche à tirer un maximum de dividendes du soutien qu'il apportera à un candidat extra-partisan. Peut-être attend-il plutôt de savoir, avec plus de précisions, de quelle direction le vent tournera, dans les prochains jours, pour se positionner en conséquence. Une évidence s'impose dans le brouillard ambiant : Bouguerra Soltani n'évolue pas sur du velours. Une erreur d'appréciation sur le dossier de la présidentielle lui coûtera certainement sa place à la tête du parti. L'on se rappelle que son accession à la présidence du mouvement, à l'issue du troisième congrès tenu l'été dernier, n'a pas fait l'unanimité des membres du Conseil consultatif. Loin de là. Son élection controversée lui a laissé indubitablement des adversaires au sein du parti, qui guettent son moindre faux pas pour monter au créneau. C'est ce qui a amené Bouguerra Soltani, selon des sources proches du parti, à ne pas chercher à influencer outre mesure la décision du conseil consultatif... D'autant que ce dernier semble divisé entre s'arrimer à la candidature d'Abdelaziz Bouteflika ou présenter son propre candidat. S. H.