Les combats font toujours rage en Syrie, la situation s'enlise sans perspective de solution aussi lointaine soit-elle, les victimes continuent de tomber au quotidien et le flux de réfugiés vers les pays frontaliers ne cesse de prendre de l'ampleur. L'escalade continue et les forces en présence tendent à l'équilibre, ce qui éloigne le scénario de la victoire de l'une ou l'autre des parties en conflit. Or, si aucune solution ne vient y mettre un terme, le risque de débordement dans toute la région est réel et tout le Moyen-Orient pourrait s'embraser. Pendant ce temps, Russes et Chinois d'un côté et Occidentaux de l'autre, campent sur leurs positions. Avec cet élément qui complique encore plus l'équation : dans le camp occidental on ne partage pas la même appréciation de l'opposition armée au régime. Américains et Français, par exemple, n'évaluent pas du tout de la même façon le poids et l'influence des djihadistes au sein de cette opposition armée. Au plan médiatique, l'intervention militaire française au Mali a durablement volé la vedette au drame syrien, qui n'est plus évoqué qu'épisodiquement et de manière lapidaire. Pourtant, en plus des combats sur le terrain qui font des populations civiles de véritables otages des belligérants, un autre drame se joue dans l'indifférence quasi générale : celui des réfugiés. Le nombre de réfugiés syriens a franchi le cap du million et pourrait doubler, voire tripler, d'ici la fin de l'année s''il n'est pas mis un terme à la crise. C'est, en tout cas, ce qu'a affirmé dimanche le Haut-commissaire de l'ONU aux réfugiés, Antonio Guterres. Soulignant les conditions de survie particulièrement pénibles pour ces réfugiés, l'ONU précise que la moitié d'entre eux, soit plus d'un demi-million, sont des enfants et parle d'une catastrophe absolue. Si aucune solution au conflit n'est trouvée, laquelle passe nécessairement par un compromis américano-russe accepté à la fois par Bachar Al-Assad et l'opposition armée, l'ONU craint une dégradation d'une situation déjà délétère. Au-delà des ressortissants syriens réfugiés dans les pays voisins dans des conditions très difficiles, l'Organisation des Nations unies se penche aussi sur la situation de quatre millions de leurs compatriotes restés au pays et qui auraient besoin d'environ un milliard et demi de dollars pour satisfaire aux besoins de base de la vie quotidienne. Il y a un an, l'organisation onusienne en charge des réfugiés avait estimé leur nombre à 33 000. Mais leur nombre a évolué de manière exponentielle, les civils étant les premières victimes des combats, sans compter les nombreuses exactions attribuées aussi bien au régime syrien qu'à ses opposants. Aussi, au-delà du chaos politique dans lequel a plongé la Syrie, c'est un véritable drame humanitaire qui se joue. M. A. B