Les déclarations portant sur des négociations politiques entre l'opposition et le gouvernement syrien demeurent sans effet au vu de la persistance des combats dans certaines régions de la Syrie. L'acheminement des armes et le soutien politique d'acteurs régionaux et occidentaux à l'action de l'opposition armée ne sont pas prêts à mettre un terme à cette situation. Si tout le monde s'accorde à souligner que l'action armée de part et d'autre ne mettra pas un terme à la crise syrienne, la volonté pour mettre en œuvre une solution politique fait défaut. Ce qui semble être une des conséquences de l'impossibilité d'atteindre les buts recherchés par les Occidentaux, le Qatar et la Turquie en Syrie. Le responsable de l'alliance syrienne, Mouaad El-Khatib, a tenu des propos en faveur de la solution politique, mais ses partenaires du Conseil national syrien (CNS) campent sur leurs positions initiales, à savoir la chute du régime. Cela étant, la tournée du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, dans la région vise à s'entendre avec ses alliés sur une ligne de conduite, maintenant que l'impossibilité d'une solution militaire en Syrie est évidente. La déclaration sanctionnant la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du Golfe sur la crise en Syrie appelant le Conseil de sécurité à l'inscrire sous le chapitre 7 demeurera sans aucun doute sans écho. D'autant plus que le même appel a été lancé au sein de la Ligue arabe par les monarchies du Golfe, notamment le Qatar, au lendemain de la suspension de la mission des observateurs arabes en Syrie par l'organisation de Nabil El-Arabi. Entre Washington et ses alliés du Golfe, essentiellement le Qatar et l'Arabie Saoudite, des divergences sont apparues dans leurs approches politiques en direction de la solution à promouvoir en Syrie. Divergences sans impact, certes, sur le cours emprunté par les événements depuis l'adoption de l'accord de Genève sur la Syrie et le dialogue mené à ce propos entre Moscou et Washington. La poursuite de l'approvisionnement des groupes rebelles en Syrie, dont les djihadistes, en moyens militaires torpille les efforts pour amener les belligérants autour de la table des négociations. Ce qui dévoile amplement les visées réelles de certains. Washington, après le triple veto sino-russe au Conseil de sécurité mettant en échec toute perspective d'intervention étrangère, a, depuis la première réunion de Genève sur la Syrie, saisi l'impossibilité de voir l'effondrement de l'Etat syrien. L'avènement de l'alliance syrienne présidée par Mouaad El-Khatib a été une alternative au Conseil national syrien. En Arabie Saoudite, aux Emirats arabes unis et au Qatar, hier, John Kerry devait en premier lieu rassurer ses alliés quant aux conséquences du dialogue Moscou-Washington sur la Syrie et sur le dossier iranien à la lumière des dernières négociations des 5+1 et Téhéran. La poursuite des combats en Syrie accentue une situation déjà désastreuse, qu'il s'agisse des pertes de vies humaines, du nombre de réfugiés à l'intérieur et l'extérieur du pays, et des conséquences socioéconomiques. Si l'effondrement des institutions, notamment militaire, ne s'est pas produit, toutes les voies à même d'affaiblir la Syrie à moyen et long termes sont toujours à l'ordre du jour de certaines capitales. Ce qui des cartes pour Washington dans le cadre de son dialogue avec Moscou sur la Syrie et notamment dans les négociations des 5+1 avec Téhéran. En définitive, le dialogue inter-syrien ne se traduira d'une manière effective que si les acteurs influents sur la scène internationale, essentiellement Washington, font preuve d'une réelle volonté politique en direction de la solution politique.