Pour “lutter" contre les parkings “illicites" et améliorer la gestion du stationnement en ville, la wilaya d'Alger vient d'installer, à titre d'opération-pilote, trois parcmètres dans la commune de Dély-Ibrahim. Une première en Algérie. Scène cocasse : dépêchés, hier, pour avoir des informations au sujet du nouveau dispositif expérimental des horodateurs, appelés aussi parcmètres, nous serons surpris, dès notre arrivée à l'APC de Dély-Ibrahim, par... de jeunes gardiens de parking qui viendront nous demander, le plus sérieusement du monde, et à notre grand étonnement, leur dû, soit la somme de 30 DA. “Mais si vous n'avez pas d'argent, il n'y a pas de problème ; bienvenue à l'APC de Dély-Ibrahim", nous accueillent-ils généreusement. Interpellé à ce sujet, Kamel Hamza, président de l'APC de Dély-Ibrahim, avoue son impuissance. “Ils ont enlevé les plaques où il était spécifié que le stationnement devant l'APC était gratuit. Ils ont même confectionné des tickets avec l'en-tête de l'APC de Dély-Ibrahim." Pour l'édile, il n'y a aucun doute. “Cette expérience mérite d'être généralisée." Pour lui, cette “solution" est à même d'éradiquer les parkings illicites. Mais on se demande comment ? Les trois horodateurs ont été installés sur les deux principaux boulevards de la localité, à savoir au niveau du jet d'eau d'Aïn Allah et sur le boulevard Mohamed-Boudiaf menant vers Chéraga. Le choix de la commune de Dély-Ibrahim n'est sûrement pas fortuit. Ce quartier plutôt “chic" n'a pas la même densité de... chômeurs qu'à Bachdjarah ou encore à Bab El-Oued. Les horodateurs ont, d'ailleurs, été installés quasiment sous les “yeux" des caméras dont regorge ce quartier des hauteurs d'Alger. Pour le P/APC, cette formule présente plusieurs avantages. “D'abord la transparence : le stockage des fonds est hautement sécurisé. Le régisseur de la commune dispose d'une clé pour ouvrir une caisse hermétique. Tous les fonds déposés sont dûment enregistrés et entrent directement dans les caisses de l'APC. En plus des pièces de monnaie, l'horodateur accepte également les paiements par carte magnétique, un service non encore opérationnel." Pour M. Hamza, l'horodateur est un bon moyen pour réguler le stationnement “payant" en ville. Sa mise en place arrange, selon lui, particulièrement les commerçants et conviendrait notamment aux artères commerçantes. “L'automobiliste paye un droit de stationnement de 20 DA l'heure. Un ticket justifiant l'heure et la date de l'acquittement des droits de stationnement est délivré pour être exposé derrière le pare-brise. Si l'horaire limite est dépassé, l'automobiliste peut alors être verbalisé par les services de police." Il convient de rappeler que la contravention pour un stationnement interdit coûte la somme de 2 000 DA. Le maire nous précise qu'en dehors du week-end et des jours fériés, le stationnement n'est payant que de 8h à 19h. “Le reste du temps, il est gratuit." M. Hamza semble accorder un grand intérêt à ce nouveau dispositif composé d'“appareils sophistiqués fonctionnant à l'énergie solaire". Le maire évoque pour cela notamment le fait que de nombreux automobilistes se plaignent du comportement des gardiens de parking dont certains sont équipés, selon lui, de “gourdins". Et puis, pour lui, “n'importe qui peut se faire passer pour un gardien de parking et soustraire, ainsi, de l'argent aux automobilistes". Pour “accompagner efficacement" ce dispositif auquel il croit, il a l'intention de recruter deux jeunes afin de sensibiliser les automobilistes. Il nous explique que comme pour les gardiens de parking, “un seul horodateur permet la gestion de plusieurs places de stationnement". À notre sortie du bureau du maire, nous interrogeons les gardiens “attitrés" du parking de l'APC. Ces derniers ne semblent vraiment pas craindre la concurrence des horodateurs. “La grosse différence entre nous et cette machine, c'est que nous, nous sommes responsables de toute dégradation ou vol", nous assure l'un d'eux, alors que pour l'autre, les autorités veulent imiter les pays occidentaux en achetant, grâce à la manne pétrolière, leur technologie. Des paroles non dénuées de vérité puisque seul l'élément humain est déterminant dans la gestion du stationnement en zone urbaine. Et pas seulement ! M C L