Le gouvernement Laârayedh a gagné hier en deuxième session plénière la confiance de l'Assemblée nationale constituante, succédant ainsi à celui de Hammadi Jebali, le numéro deux du parti islamiste Ennahda. Ali Laârayedh, du parti islamiste Ennahda, principale force politique du pays, avait assuré mardi qu'il mettra fin à sa mission avant la fin de l'année en mettant un terme à l'impasse politique et en assurant les conditions pour une reprise économique. Dans le même sillage, il s'est fixé comme priorités de “réussir l'organisation des élections dans les plus brefs délais", d'“instaurer la sécurité", le pays étant déstabilisé par l'essor d'un islamisme armé et la multiplication des conflits sociaux, et de “continuer de relever l'économie, l'emploi et de lutter contre la hausse des prix". La vie politique tunisienne est paralysée par l'absence de compromis sur le futur régime qui bloque la rédaction de la Constitution, la tenue d'élections et la mise en place d'institutions stables deux ans après la révolution de janvier 2011. Des tensions sociales grandissantes, des manifestations cycliques, des grèves et affrontements menacent également le pays avec, en prime, le niveau élevé du chômage (17% environ) et la misère, deux facteurs clés du soulèvement qui a “renversé Zine El-Abidine Ben Ali". Mais aussi la crise économique étouffante qui endette le pays à hauteur de 43% (34% en 2010). M. Laârayedh devra surtout relever le défi face à l'essor de groupuscules islamistes radicaux, alors que son prédécesseur Hamadi Jebali a démissionné dans la foulée d'une crise politique provoquée par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, le 6 février dernier, par un groupe salafiste présumé, selon la police. Dans la foulée, Ali Laârayedh, ministre sortant de l'Intérieur, est très critiqué pour son bilan mitigé à ce poste, ses quatorze mois à la tête des forces de l'ordre ayant été marqués par plusieurs attaques islamistes et la répression violente de mouvements sociaux. Ce cadre d'Ennahda a reconduit, après de longues négociations et faute d'avoir trouvé un consensus plus large, la délicate coalition entre les islamistes et deux partis laïques, tout en l'élargissant à des indépendants qui dirigeront notamment les ministères régaliens. Compte tenu de la répartition des forces à l'ANC, cette équipe a obtenu sans mal la confiance des députés. Mais cette majorité est divisée sur la nature du régime à mettre en place en Tunisie, alors que l'adoption de la Constitution suppose le soutien des deux tiers des élus. Un calendrier a été soumis aux députés lundi, prévoyant l'adoption de la loi fondamentale début juillet et des élections en octobre. Les élus ne se sont pas encore prononcés sur le sujet, mais selon des observateurs cet échéancier est peu réaliste, d'autant que les dates limites fixées par le passé n'ont pas été respectées. I. O.