Alors que les plaies du drame de Constantine ne se sont pas encore cicatrisées qu'une autre tragédie est venue endeuiller une nouvelle famille du village d'El-Farch (3 000 habitants) relevant de la commune de Sebdou, située à une trentaine de kilomètres de Tlemcen où vivait la petite écolière de 6 ans, Sanaâ Bouklikha, enlevée jeudi à sa sortie d'école et retrouvée assassinée vendredi soir dans une bâtisse en construction, pas loin du modeste logement familial. Inquiète, car ne voyant pas son enfant rentrée jeudi après-midi à la maison à ses horaires habituelles, la mère de la fillette, craignant le pire, a avisé les services de la gendarmerie, qui, aidés par de nombreux citoyens volontaires, ont déclenché une vaste opération de recherche dans la zone limitrophe. Tous les véhicules et l'ensemble de l'effectif de la gendarmerie ont été mobilisés pour la circonstance et la zone a été ratissée de fond en comble sur plusieurs hectares, y compris la forêt avoisinante, mais ce n'est que vendredi après-midi que le corps de la fillette a été retrouvé, gisant sans vie dans une pièce délabrée d'une maison en chantier. Les soupçons du chef de la compagnie de gendarmerie se sont immédiatement portés sur le parâtre de Sanaâ, 26 ans, repris de justice car ayant déjà comparu devant la justice au mois de Ramadhan précédent, après avoir été arrêté en flagrant délit pour relations illégitimes avec la mère de la victime, veuve de son état, âgée de 35 ans. Pour échapper à la condamnation prévue par la loi, il a accepté de l'épouser, ce qui fut fait. Cependant, le beau-père, gêné par la présence de la fillette, a pris la décision de s'en débarrasser. Il a alors imaginé un funeste scénario, celui de faire disparaître l'enfant : il est allé attendre Sanaâ à sa sortie de l'école primaire Benaïssa-Okacha qui, sans la moindre crainte et toute souriante, l'a accompagné vers la lisière du village dans une maison en construction, sans se douter de ce que sera son triste sort. Là, dans un sang-froid étonnant et sans état d'âme, alors que Sanaâ se débattait de tout son corps et criait à tue-tête (mais personne ne pouvait l'entendre), le monstre lui a mis un chiffon dans sa bouche puis l'a froidement étranglée de ses propres mains jusqu'à ce que mort s'ensuive, avant de glisser le frêle corps dans un sac vide de ciment. Puis, pour tenter de fausser les pistes, il lui a enlevé les deux boucles d'oreilles afin d'orienter l'enquête vers le mobile de l'assassinat pour vol et a enfoui par la suite son cartables et ses affaires à plusieurs endroits différents. C'était compter sans la promptitude des gendarmes qui ont arrêté le meurtrier quelques heures après son forfait. Le parâtre a avoué son crime et dénoncé son complice, un jeune de 19 ans, lui aussi arrêté le même jour. Toute la population de Sebdou, et même au-delà, est en émoi après ce drame et une véritable psychose s'est emparée des familles craignant d'autres enlèvements, d'autant plus que les criminels ne sont arrêtés qu'après l'accomplissement de leur forfait, comme ce fut le cas pour Chaïma (8 ans), Mehdi (7 ans), Soundous (6 ans) et tout récemment Haroun (9 ans) et Brahim (10 ans). Si, en 2011, il a été enregistré 38 enlèvements commis dans 27 wilayas, en 2012 le nombre a été pratiquement le même (39) au niveau de 30 wilayas avec en plus 11 tentatives annihilées. Le 1er trimestre de 2013 a vu aussi plusieurs enlèvements dont l'avant-dernier opéré dans la nouvelle ville Ali-Mendjeli (Constantine) qui a bouleversé toute la société. Cette recrudescence des enlèvements, phénomène jusque-là étranger à la société algérienne, semble devenir coutumière, encouragée par des condamnations non dissuasives et surtout la non-application de la peine capitale. D'ailleurs, à ce propos, les internautes sur les réseaux sociaux facebook et Twitter ont manifesté leur réprobation et leur désarroi comme Mustapha qui exige que “les coupables doivent être condamnés à mort en public avec diffusion de leur exécution en direct à la télévision", ou Soltana qui écrit : “C'est horrible. Ce sont des bêtes immondes. Comment peut-on infliger un tel traitement inhumain à deux anges ?" B. A