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élections aujourd'hui du Comité Olympique algérien
Berraf ou Bouabdellah, est-ce la fin du feuilleton ?
Publié dans Liberté le 17 - 03 - 2013

Le COA élira aujourd'hui son 14e président depuis la naissance de l'instance olympique en octobre 1963, année où Mohand Amokrane Maouche, médecin de son état, inscrira le premier son nom sur les tablettes de la prestigieuse institution.
Lui succéderont d'autres serviteurs du sport national, à l'image de MM. Omar Dahmoune, Med Zerguini, Abdennour Bekka, Med Salah Mantouri, Si Mohamed Baghdadi, Sid Ali Lebib, Mustapha Larfaoui et Mustapha Berraf pendant 12 ans. Le plus long règne fut celui du colonel Zerguini qui est resté 15 années à la tête du COA (juin 1968 à décembre 1983). Mais d'entre toutes les périodes, ce sont certainement les trois mandats effectués par M. Mustapha Berraf de 1996 à 2009 ainsi que le tumultueux épisode ayant marqué la présidence du Pr Hanifi, qui auront ébranlé la légendaire sérénité de la succursale algérienne de l'olympisme. Conflits personnels, interprétations tendancieuses des textes nationaux et de la charte olympique ajoutés à une volonté manifeste de réduire le COA à un cénacle fermé sur lui-même par le jeu des clans ont vite fait de le dépouiller de ses fondements originels autrement plus nobles. Le processus de délitement – est-il besoin de le rappeler ? – a débuté à la faveur du vent de “démocratie" sportive qui a soufflé entre 1995 et 2004 et qui a permis à une faune de dirigeants d'accaparer les leviers du sport national et de noyauter clubs, ligues et fédérations ; ces dernières contrôlant le COA. Même le décret 405/05 brandi comme parade contre ces dérives n'a pu remettre de l'ordre. A l'instar du reste des secteurs rongé par le clientélisme et la prébende, le monde des sports généreusement soutenu par les caisses de l'Etat attire du monde. Quand tout un chacun prétend servir la cause sportive et appelle au changement imminent, les mœurs à l'intérieur des chapelles sportives confinent au désespoir. Les allées du pouvoir sportif s'encombrent de gens qui disparaissent un moment pour revenir dans la peau de messies. Au sommet du ministère n'a-t-on pas battu le rappel de cadres à la retraite pour tenter de sauver les meubles comme on dit ? A des postes sensibles, le secrétariat général et la direction nationale des sports par exemple, la vieille garde appelée en renfort par un ministre dépassé, en l'occurrence le prédécesseur du Dr Med Tahmi, ne pouvait raisonnablement remettre en cause des pratiques profondément ancrées, générées par une politique sportive guidée en partie par les multiples enjeux électoraux. Un système arrivé à bout de souffle auquel le football professionnel version Raouraoua asséna le coup de grâce. La politique et le sport ont toujours fait bon ménage. Une entente, aujourd'hui plus que jamais, pervertie par l'intrusion féroce de l'argent. Tout cela pour dire que le comité olympique algérien, émanation naturelle des composantes activant au sein du système sportif, ne peut être que le reflet de cette agitation ambiante. On espère que l'avenir ne nous donnera pas raison. Le COA, produit d'une lente incubation dont les acteurs ou les auteurs se disputent actuellement la dépouille. Avant le feuilleton “Hanifi et les 10 révoltés", autant Berraf que Bouabdellah, chacun des deux candidats à l'élection a, en son temps, intéressé la presse sportive. Le premier par son activisme et le second par son sens de la discrétion. En mars 1996, Mustapha Berraf a été forcé au départ. L'intérim a duré 20 mois avant que Larfaoui ne prenne la relève. En 2009, à deux jours de la tenue de l'AG élective du COA, il annonce son retrait de la course, emboîtant le pas à Sid Ali Lebib. Des désistements qui, à ce jour, n'ont pas tout leur secret. Dépité, Berraf déclare à l'APS : “Oui, je confirme mon retrait définitif du COA..." Pendant que l'ancien judoka et ministre de la Jeunesse et des Sports avoue s'être “retiré spontanément".
Un inconnu, Belhadj Med, profite momentanément de l'aubaine puisque, une fois élu, il est sagement prié de remettre son bâton de maréchal. L'oukase venu d'en haut ouvre les portes au Dr Hanifi qui achèvera son mandat en queue de poisson sans avoir néanmoins donné du fil à retordre à ses adversaires. Voilà que, sur ces entrefaites, surgit -on s'y attendait un peu- Mustapha Berraf pour revendiquer son rôle de militant au service du sport, oubliant du coup sa prophétie de foi lancée trois ans auparavant : “Le COA, c'est fini...". Il a, ces derniers jours, multiplié les sorties médiatiques grâce à un précieux carnet d'adresses que des années de pérégrinations politico-sportives ont patiemment alimenté. Raouraoua, à une époque donnée, utilisa également le même ton désabusé pour proclamer son intention de ne plus briguer de mandat. Mais les avanies de la fonction résistent mal aux délices de la notoriété, et puis il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas. Berraf a fait du renouveau son slogan de campagne. Pas très original, il faut en convenir. Sur ce registre, le docteur Med Bouabdellah -à ne pas confondre avec Rachid Bouabdellah- semble avoir le vent en poupe puisque, fraîchement élu à la présidence de la Fédération de Tennis, il se présente comme l'homme du consensus.
Ancien tennisman de haut niveau et réputé compétent, il a en poche de sérieux atouts dont une connaissance avérée des critères de promotion du sport d'élite, en plus de qualités humaines très appréciées par ses pairs. Cependant, pour avoir suivi de près l'évolution du mouvement sportif national durant ma longue carrière de journaliste et de cadre de la formation dans le domaine de l'EPS, j'ai le net sentiment que de tous les présidents qui se sont relayés à la tête du COA, celui qui a fait preuve de plus d'intelligence et de maturité reste sans conteste Si Mohamed Baghdadi. En dépit d'un court mandat, de mars 1988 à novembre 1989, cet ancien champion d'Algérie d'athlétisme et haut fonctionnaire du ministère de la Jeunesse et des Sports a été un moderniste en phase avec son temps. Il a tenté de coller au plus près des principes de l'olympisme en démocratisant le COA et en insufflant à la structure un dynamisme à nul autre pareil. N'est-ce pas lui qui a créé les comités olympiques de wilaya et rénové les commissions au sein du COA, voulant ainsi par ces actions remettre à niveau une institution longtemps confinée dans un état de stricte représentation. Mais les tenants de l'immobilisme craignant pour leur confort ne l'entendaient pas de cette oreille, et Si Mohamed, le fort en thème, dut abandonner la partie. On le jalousait presque pour ses capacités intellectuelles et sa riche expérience dans le domaine du sport. N'a-t-il pas présidé le CSSA (Conseil supérieur du sport africain) ? Il ne fut jamais ministre alors qu'il en avait l'étoffe. Après avoir rendu à César ce qui lui appartient, nous formulons l'espoir que le futur président du COA saura s'inspirer des leçons du passé afin de redonner à la structure l'aura qui lui manque et surtout l'impliquer dans les grands débats qui agitent la sphère sportive. La violence dans les stades, la corruption dans le milieu du football, le développement des valeurs de l'olympisme et la nécessité de s'ouvrir à tous les partenaires du système national d'éducation physique et sportive en démocratisant le COA. De sorte à le rendre plus visible à l'échelle des régions du pays, où son utilité face aux maux qui affectent gravement la société mérite d'être actionnée. Berraf ou Bouabdellah, il faut aller à l'essentiel et en finir avec les réflexes d'antan et ne voir en la fonction qu'un moyen d'accéder à la rente et aux privilèges. L'assemblée générale et le bureau exécutif n'ont plus droit à l'erreur, car la situation exige plus que des intentions. Des hommes libres de toute tutelle en mesure de lutter contre les défaillances et comportements qui ruinent l'esprit du sport.
S. m.
(*)Ancien chroniqueur sportif et ex-inspecteur de l'EPS


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