C'est en présence du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, et du secrétaire général du ministère des Affaires religieuses, Boubekeur Khaldi, que la Coordination des imams et des fonctionnaires des affaires religieuses a officiellement vu le jour. Une première en Algérie. C'est par une récitation du Coran à la manière typiquement “algérienne" et par la diffusion de l'hymne national “Kassamen" dans sa version intégrale que s'est ouvert, hier, la première réunion de la Coordination des imams et des fonctionnaires des affaires religieuses à l'hôtel Safir Mazafran de Zéralda. Pour les observateurs présents, cette “entrée en matière" est une manière délibérée et non moins subtile de rappeler “l'école malékite" à laquelle appartient la majorité des musulmans algériens et de souligner le caractère “républicain" qu'entend afficher le nouveau syndicat. Dans son intervention, Abdelmadjid Sidi-Saïd, qui n'a pas tari d'éloges sur les “chouyoukh" et les zaouïas, a rappelé le rôle primordial de l'imam dans la défense de l'unité nationale et des valeurs de la République. “On nous a appris dès notre enfance à respecter non seulement nos aînés mais aussi les gens de religion. C'est nous qui sommes venus vers vous et non l'inverse. Donc, bienvenue chez vous, bienvenue dans votre maison, l'UGTA." Très accueillant et “honoré" de compter dans ses rangs des imams, le patron de la Centrale syndicale a reconnu l'abnégation “de ces milliers d'imams qui ont souvent privilégié leur rôle dans la transmission de la foi religieuse et l'encadrement social, et cela au détriment de leurs propres intérêts". On apprendra, au cours de cette rencontre “historique" qu'il n'y a pas de profil-type pour exercer la fonction d'imam. On sait qu'il doit être au moins qualifié pour prodiguer des conseils aux fidèles et qu'il doit être toujours capable d'interpréter correctement le Coran et la sunna. Prenant la parole à son tour, Cheikh Djelloul Hadjimi, imam de la mosquée El-Ouartilani du Télemly, présenté comme le “père spirituel" du syndicat en gestation, ce dernier a rappelé que l'idée même de structurer les imams dans un mouvement syndical existe depuis mars 1999 à travers une “ligue nationale" qui n'a pas été agréée par les autorités. “Et pourtant, l'imam n'est pas seulement une figure religieuse. Il est aussi un travailleur comme les autres. Présent dans les actes de la vie de tous les jours, il officie notamment lors des mariages, des décès. Il ne connaît pas de jours fériés. Lors des fêtes religieuses, c'est toujours lui qui est aux avant-postes ! Les heures supplémentaires sont son lot quotidien." Pour Cheikh Djelloul, “l'imam (ou son assimilé) a beau être bardé de diplômes, c'est le dernier classé de la Fonction publique. Le mieux payé d'entre nous touche environ 40 000 DA". Il fera, à ce sujet, un long parallèle avec les journalistes qui, selon lui, vivent, eux aussi, à leur manière, un autre “sacerdoce". “Outre les problèmes liés à la liberté d'expression, nous partageons avec la corporation des journalistes des dizaines de morts, des victimes innocentes. On ne peut oublier ces sacrifices..." Cheikh Djelloul ne manquera pas d'insister également sur les obligations des imams “qui occupent la chaire du Prophète de l'islam", un “métier", du reste, prestigieux. D'après lui, l'imam doit toujours être conscient qu'il est en charge de l'unité et de la fraternité des musulmans et donc s'éloigner du courant “takfiriste". M C L