Si les Haraktas ont fait un triomphe à Bouteflika, les gars de Sidi Rghis l'ont plutôt boudé.Le président Bouteflika a poursuivi, hier, son périple en pays chaoui, en alliant le bon et le moins bon. Pour une entrée en matière, Aïn El-Beïda a plutôt souri au Président. Les Haractas lui ont, en effet, réservé un accueil aussi enthousiaste sinon plus que celui dont il a eu droit, la veille, de la part des Nememchas et les Amamras à Khenchela. Le boulevard de la sympathique ville de Aïn El-Beïda a été pris d'assaut par les citoyens visiblement décidés à faire un triomphe à Bouteflika moyennant une revendication qu'ils lui ont bruyamment réclamée : le statut de wilaya. “Wilaya ! wilaya ! wilaya” poussaient rageusement, comme un seul homme, des centaines de gorges au passage du cortège présidentiel. Tout au long de l'avenue principale de la ville, Bouteflika a eu droit à l'accueil chaleureux d'une foule bigarrée. Aux lâchers de colombes et lancers de confettis, le président répond, la mine plutôt joviale, par des saluts et “distribue” des sourires par-ci et des poignées de main par-là. Assurément, Bouteflika était dans son élément en assistant à cette ambiance si rare par les temps qui courent. Il faut dire que les comités de soutien, qui rivalisent dans le zèle, ont été pour beaucoup dans le succès de son escale “beïdie”. Il y a aussi le travail d'appoint fait par les structures et les militants du RND qui ont ostensiblement mis la main à la pâte pour “cuisiner” une foule respectable au “raïs”. En effet, le parti d'Ahmed Ouyahia a fait son entrée en scène pour prêter main forte aux souteneurs de Bouteflika. Hier, le décor planté était éloquent. “Le RND souhaite la bienvenue au président”. “Le RND : Oui pour un deuxième mandat”, sont autant de slogans bien en vue placardés sur les abords du boulevard arpenté par le président. Mais il n'y a pas que cela. Le parti d'Ouyahia a réussi à mettre à contribution ses organisations “satellitaires” à l'image de celles des enfants de chahid, des victimes du terrorisme et des étudiants. Le président de cette dernière a d'ailleurs fait le déplacement à partir d'Alger pour représenter son parti. Le RND s'est également fait représenter à un haut niveau, via le proche collaborateur d'Ouyahia, Abdesslam Bouchouareb originaire de la région ainsi que son collègue et néanmoins ministre de l'éducation, Boubekeur Benbouzid. Cependant, si cet “apport” à eu des effets à Aïn-Beïda, tel n'a pas été le cas dans l'après-midi au chef-lieu de wilaya à Oum El-Bouaghi. Ici, le bain de foule des Haractas ne s'est pas renouvelé. Le président a eu droit plutôt à une sorte de douche écossaise de la part de gars de Sidi Rghis. Du côté des élus locaux, l'on note l'absence des députés issus du FLN légaliste alors que leurs collègues des APC et de l'APW ont accueilli “le président de la République” même si le maire, un fidèle de Benflis, a refusé catégoriquement de lire la motion de soutien laissant le soin de la récitation à un ancien maquisard contrairement à son collègue de Aïn El-Beïda qui s'est exécuté lui-même étant dans le sillage des “redresseurs”. Cela dit, les bataillons de jeunes enfants déplacés depuis les douars avoisinants n'ont pas pu “meubler” le grand boulevard clairsemé. Bien que les élèves firent l'école buissonnière pour servir de...chair à cri et faire la claque à Bouteflika, il n'y avait franchement pas de quoi pavoiser, même si les citoyens de la région précisent que cela n'est pas forcément un baromètre électoral. Le président s'est d'ailleurs contenté de quelques saluts avant d'aller rejoindre le siège flambant neuf de la daïra où l'attendait les préposés à la lecture des motions de soutien au nom de la société civile, des élus et des notables dans le désormais refrain bien en vogue. C'est-à-dire que l'accueil populaire à Oum El-Bouaghi fut tiède, aussi tiède que le climat qui y règne. Les partisans de Bouteflika ne désespèrent pas pour autant de pouvoir compenser, ce matin, ce “passage à vide” à Aïn-M'lila avant d'aller demain dans une inconnue nommée Constantine. H. M.