Le patron de Nissan Algérie et néanmoins vice-président de l'Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A) revient, dans cet entretien, sur les changements qu'a connus le Salon international de l'automobile d'Alger (SIAA-2013), marque une halte sur le 20e anniversaire de Nissan en Algérie et développe, enfin, sa vision sur les perspectives du marché de l'automobile. Liberté : M. Hasnaoui, Nissan Algérie vient de souffler ses 20 bougies en Algérie. Un long parcours, des avancées, des remises en cause, des bilans. Qu'est-ce qui vous a notamment marqué pendant toute cette belle aventure ? Sefiane Hasnaoui : Merci pour ce rappel. C'est une date phare qui nous permet de regarder en arrière pour mieux nous projeter vers l'avenir. C'est aussi un moment fort, parce que Nissan Algérie constitue une pierre angulaire du groupe Hasnaoui qui existe depuis 1964 et qui s'est beaucoup investi, parmi les premiers, dans l'industrie, la distribution et les services. Du coup, Nissan Algérie se veut une filiale qui a un parcours très particulier. Qu'on le veuille ou pas, le monde de l'automobile est aussi particulier, car vous avez en face les attentes du citoyen qui déploie son budget pour la voiture, mais aussi il y a cette part de rêve et ces fortes sensations qui nous permettent de nous rapprocher, chaque jour, de nos concitoyens et de participer à leur évasion et leurs désirs. En 20 ans, on a eu le mérite d'introduire toutes sortes d'équipements sur l'automobile, des modèles, des diversités et de la différence. Car il faut se rappeler, il n'y avait pas tous ces choix il y a 20 ans. Tout était limité, et cela s'explique par les conjonctures tant économiques que sécuritaires. Mais bon, Nissan Algérie a su transcender et œuvrer pour commercialiser des modèles exclusifs à la portée de nos citoyens, avec en appoint des équipements, comme la clim de série ou autres options, mais surtout des 4x4, le premier SUV, à savoir le X-Trail qui a été leader pendant de nombreuses années sur le marché, des berlines familiales, le 350-Z, le Coupé sportif et l'ultra sportive GTR qui a drainé des foules. Et cette année, il y a la présentation du Juke ! Donc, c'est une date qui nous rappelle que nous faisons un métier fabuleux, avec cette passion partagée avec les citoyens. Nos 20 ans, c'est aussi 300 emplois, 1000 collaborateurs dans notre réseau, nos partenaires industriels et carrossiers, et le fait d'apporter du rêve, un outil de travail, de voyage et de déplacements. Nissan, comme vous voyez, est un constructeur généraliste, avec le pick-up, l'Urvan, le Cabstar et autres produits. C'est une responsabilité que nous avons à porter pendant les 20 prochaines années, car il s'agit de l'ADN de la marque avant tout. Alors, quelles sont les perspectives de Nissan Algérie, sachant que vous proposez des produits très prisés, comme Navara ou encore Micra, la star de la firme japonaise, d'une part, et d'autres produits avec un bon rapport qualité/équipements/prix ? Il faut se rappeler que Nissan est d'abord un constructeur généraliste, de la petite cylindrée jusqu'au camion Cabstar, en passant par les SUV et les 4x4. C'est d'abord la vision de Nissan Motors qui a toujours misé sur l'homogénéisation des gammes à travers les continents, tout en adaptant sa stratégie de niche pour être plus innovant et agressif pour être plus concurrent. En Algérie, nous avons la chance d'être un marché hybride. Ce marché a des spécificités topographiques et climatiques. Nous avons la spécificité de proximité avec l'Europe, la proximité culturelle et médiatique avec beaucoup de pays tant maghrébins que moyen-orientaux. Dans cette stratégie, nous avons ces possibilités de proposer Nissan Juke, des moteurs atmosphériques et bien d'autres produits de niche, pour répondre aux besoins et adapter les désirs des clients à nos technologies et motorisations. Après tout, l'Algérie est un mélange de genres naturels et qui fait partie de notre ADN. Donc, la perspective s'inspire de cette réalité à proposer au client final cet éventail de produits et de le servir, ce qui constitue la raison d'être de notre entreprise. Comment avez-vous appréhendé ce salon et quelles en sont vos principales attentes ? D'abord, les attentes du salon ne se résument pas en chiffres de ventes. Cet événement doit un être un espace de rencontres, de découvertes, de sorties familiales, de l'animation, mais surtout d'accès au rêve et aux innovations. Le salon est un RDV pour mieux se rapprocher du citoyen et d'avoir ce contact direct pour mieux l'orienter, le conseiller et l'écouter, et ce, en mobilisant, chaque jour, tout le staff. Second objectif, le plus important et auquel Nissan Algérie souscrit, c'est exprimer c'est quoi Nissan et leur dire c'est quoi la sécurité, la qualité, la technologie et le design. C'est, en fait, le meilleur marketing. C'est l'occasion de dire qu'il n'existe aucun modèle dans le monde qui ressemble au Juke. C'est l'occasion de laisser nos artistes exprimer leur talent devant le public et de découvrir la richesse de notre pays à travers nos peintres, nos musiciens et nos sportifs. Evidemment, l'autre objectif est de pérenniser la bonne image de Nissan Algérie. Qu'est-ce qui a changé au SIAA-2013 tant dans la forme que dans la fond, comme l'organisation, la professionnalisation et l'interdiction de la vente en espèce ? Le bilan du salon de 2012 reste mitigé. Positif en termes d'affluence record et là nous avons enregistré un résultat noble. Mais le second élément négatif, c'était l'approche commerciale plutôt que le RDV populaire et certains écueils dans des stands en termes de maîtrise de certains types de visiteurs. On s'est réuni au sein de l'AC2A, ensuite entre l'AC2A et la Safex, afin de faire un bilan. Ce dernier a été partagé et cela nous a permis de sortir avec de nouvelles orientations pour éviter de revivre les mêmes écueils. Avant tout, je tiens à rendre hommage à la Safex, pour son initiative, pour avoir consacré l'espace de l'Unité africaine à la sécurité routière. Deuxième élément, c'est la présence d'acteurs de représentants de distributeurs de marques dans un salon de l'automobile et non dans un salon de revendeurs de l'automobile. Ces représentants ont toute la légitimité de participer à cet évènement. Pour conclure, il y a un effort qualitatif de toutes les parties pour réussir ce salon. Une chose est sûre, les promesses ont été tenues, on fera par la suite un bilan et nous espérons que les visiteurs auront apprécié que leurs préoccupations soient prises en charge. Comment voyez-vous la perspective du marché algérien de l'automobile, en général, et celle de Nissan Algérie, en particulier ? Le marché de 2012 a été exceptionnel en termes de croissance. Mais pour être honnête avec vous, nous étions plus dans une approche conjoncturelle que d'une tendance de fond du marché. Mais, durant l'année 2013, il y aura une nouvelle tendance et on devrait connaître un retour à la normalité qui va s'adapter au taux de pénétration dans les ménages et le pouvoir d'achat, et ça c'est important. Malgré le désir et la nécessité de transport ou autres, les indicateurs sont là et témoignent que l'automobile se positionne entre le rationnel et, parfois, l'irrationnel. Cela va sans dire, les perspectives existent et Alger n'est pas l'Algérie ! Dans les grandes villes, la tendance est une chose, mais à l'intérieur du pays, la donne est différente. Et puis, le pouvoir d'achat, compte tenu de l'absence d'un certain nombre de mécanismes, est confronté aux placements et autres velléités des ménages et des entreprises. Ceci expliquerait un ralentissement de la demande. Toutefois, le marché algérien reste dynamique. On attendra la fin du salon pour faire le bilan. La baisse du marché se fera sentir à partir du mois d'avril ou du mois de mai où le portefeuille 2012 et 2013 aura été nivelé pour l'ensemble du marché. Concernant Nissan, on a connu 20 %, ce qui est moins important par rapport au marché. L'essentiel, ceci a répondu au cahier des charges fixé, avec 85 % de montée en puissance de répondant en service après-vente, en formation et en déploiement des systèmes et infrastructures. Nissan connaîtra bientôt de nouveaux agents pour assurer un maillage maximal, notamment avec Nissan Assistance. Mais on ne brusque pas l'évolution, on préfère être sereins. A long terme, il s'agit de pérenniser la marque et aller vers plus de produits dans tous les segments, y compris dans le Premium et l'arrivée des alliances Nissan Datsun et Infiniti. Un dernier mot au client Nissan Algérie ? Un mot et un seul, je leur dirai, merci. Merci pour la confiance renouvelée. Vous savez, quand on achète une voiture, c'est un investissement. Quand un parent ou une grand-mère casse sa tirelire et verse son épargne pour offrir un cadeau ou un moyen de transport, nous n'avons pas droit à l'erreur. Chez Nissan Algérie, on n'a pas le droit non plus de décevoir le client en lui disant que la pièce de rechange n'est pas disponible alors qu'il risque de rater son voyage, ses vacances ou la scolarité de ses enfants. Mieux, on n'a pas le droit de leur dire que ce n'est pas grave face à leur panne, parce que c'est grave pour moi. La mobilité du client Nissan Algérie est très importante. Pis encore, quand vous avez un camion d'une entreprise et que vous n'avez pas de pièce, c'est grave ! Et chaque jour, c'est le chiffre d'affaires qui est en baisse. Donc, je leur dis merci de faire confiance à la marque Nissan. F. B.