Les touristes occidentaux ont de plus en plus peur de se rendre en Tunisie. C'est une résultante si aujourd'hui le tourisme tunisien vit ses plus mauvais jours. Visiblement, cette année sera la plus catastrophique. Deux touristes italiens en compagnie de deux autres tunisiens ont été agressés, mercredi, à Zarzis, une ville littorale située au sud-est de la Tunisie. Comme une brigade des mœurs, des salafistes ont attaqué un couple de touristes italiens devant l'entrée de leur hôtel où ils attendaient l'arrivée d'un taxi. La jeune femme, âgée de 24 ans, a été giflée, et son compagnon, 31 ans, a reçu des coups de poing en pleine figure, donnés par deux barbus qui circulaient à bord d'une mobylette, armés d'un sabre et d'un bâton. Le groupe d'activistes était en train de distribuer des tracts qui appellent les jeunes de la région à ne pas risquer leur vie en se lançant dans une émigration illégale vers l'Italie. Les salafistes ont cru que ces documents prêchaient la religion chrétienne. Des mandats d'amener ont été émis à l'encontre des membres de ce groupe, a précisé la même source. Concernant l'agression perpétrée contre les membres du Front populaire lors de leur sit-in habituel pour réclamer l'arrestation des meurtriers de Chokri Belaïd, la même source a affirmé que la violence émanait des deux côtés, expliquant que des partisans du front ont provoqué un salafiste qui a appelé ses amis à la rescousse. Selon les victimes, qui sont encore sous le choc, les agresseurs islamistes ont agi par motif religieux sous prétexte que les vêtements de la jeune femme étaient trop voyants et ne cachaient pas suffisamment son corps. Un autre cas similaire a eu lieu également il y a quelques jours, à Nabeul (nord-est), où de jeunes adolescentes espagnoles ont été victimes d'injures et de gestes obscènes lorsque des activistes religieux les ont abordées pour leur rappeler qu'elles sont dans “un pays musulman" à cause de leurs vêtements jugés provocateurs. Durant le Ramadhan dernier, Jamel Gharbi, un élu français du PS de la région des Pays de la Loire, en déplacement touristique en Tunisie, avait été lui aussi brutalisé, roué de coups, frappé à coups de matraque et de gourdin et presque lynché, alors qu'il marchait dans la rue avec son épouse et sa fille à Bizerte (nord), par une dizaine de salafistes de la “brigade des mœurs", qui lui reprochaient la tenue de son épouse et de sa fille. Depuis quelques mois, l'opposition laïque tunisienne et des représentants de la société civile accusent le gouvernement, dominé par le parti islamiste Ennahda, de manquer de fermeté, voire de faire preuve de complaisance envers les salafistes qui veulent imposer la charia. On note que le gouvernement a rarement condamné leurs agissements. I. O.