Les animateurs de Ballade littéraire de Béjaïa ont célébré, vendredi dernier au Théâtre régional, la journée contre l'oubli. Le 22 mars est la date dédiée par les membres d'Adjouad -une association créée par les enfants des victimes du terrorisme islamiste en Algérie-, pour se souvenir des victimes du terrorisme : Tahar Djaout, Saïd Mekbel, le Pr Boucebsi, Liabès et les centaines de milliers d'anonymes. Et au programme de cette journée de lutte pour la mémoire contre l'oubli : une conférence-débat animée par Fodhil Mezali et Rachid Oulebsir, respectivement ancien directeur du "Matin" et écrivain, auteur notamment des Derniers Kabyles, paru chez Tira Editions. Fodhil Mezali, qui lancera le 20 avril prochain un nouveau quotidien, "La Cité", a expliqué que le terrorisme, qui continue à sévir en Algérie, est le résultat de la jonction qui a eu lieu au sommet de l'Etat entre une aile baathiste, une idéologie en vogue dans l'Algérie post-indépendance et islamiste. Résultat des courses : “on a assisté à une arabisation et islamisation tous azimuts de l'école algérienne." Et en bout de chaîne : entre baisse inquiétante du niveau et décrochage scolaire, l'école n'a cessé de fournir des générations entières de jeunes, prédisposés au message des fondamentalistes islamistes. La suite logique : beaucoup d'entre eux ont rejoint les maquis islamistes à l'origine des assassinats massifs d'intellectuels, d'artistes, des éléments des services de sécurité, a déploré M. Mezali. Par la suite, les tueries étaient devenues aveugles : personne n'était épargné. Pour démontrer cette jonction, le conférencier s'est interrogé : “Comment peut-on remplacer un Mostefa Lacheraf (un humaniste, un visionnaire, etc.) par un baathiste de la trempe d'un Benmohamed à la tête du ministère de l'Education ? Forcément, on allait droit dans le mur". Le deuxième intervenant, Rachid Oulebsir, qui cumule plus de vingt ans de collaboration dans la presse, a commencé son exposé par le premier coup de force survenu au lendemain de l'indépendance où l'ancien président, Ahmed Benbella, a été intronisé par l'Armée des frontières à la tête du nouvel Etat. Et comme il vénérait Gamal Abdel-Nasser, il avait accepté de faire du nouvel Etat indépendant une terre d'accueil pour les Frères musulmans égyptiens, toujours aussi actifs aux abords du Nil. Bien qu'il soit chassé du pouvoir, la même politique a été poursuivie par le président Boumediene. Pour Rachid Oulebsir, qui a fait toute sa carrière dans l'éducation, ce long processus, entamé avec de “pseudo-enseignants venus du Moyen-Orient", a été parachevé par des “fondamentalistes islamistes autochtones", qui avaient pris le relais au niveau de l'école. Les interventions des hôtes de Ballade littéraire ont été suivies par d'émouvants témoignages sur les victimes du terrorisme, à l'instar de Nabila Djahnine, assassinée à Tizi Ouzou ; les tueurs avaient visé à travers sa personne le militantisme féminin ; Nabila Djahnine était la charismatique présidente de l'association féminine Thighri N'temetouth (le cri de la femme). M. O