L'administration Bush insiste auprès du secrétaire général de l'ONU pour une implication rapide de son organisation dans le processus de normalisation de la situation en Irak. Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, envisage d'envoyer une mission en Irak pour discuter des élections, à la demande des Etats-Unis, alors que des milliers de chiites, majoritaires dans ce pays, ont manifesté à Bagdad pour appuyer la tenue d'élections. Après une rencontre, lundi, à New York, avec les leaders irakiens du Conseil de gouvernement transitoire et l'administrateur civil américain en Irak, Paul Bremer, le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a indiqué qu'il souhaitait disposer d'éléments supplémentaires avant d'envoyer une telle délégation. “Nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'il fallait de plus amples discussions au niveau technique. Cela ne devrait pas être très long”, a dit M. Annan. L'Onu, qui n'avait pas approuvé l'intervention américaine en Irak en mars, avait quitté le pays après y avoir été visée par deux attentats en août et septembre. Ces attaques avaient fait 23 morts, dont son plus haut représentant, Sergio Vieira de Mello. La rencontre de New York avait été demandée à la mi-décembre par M. Annan, qui souhaitait que soit “clarifié” le rôle de l'Onu dans la perspective de la fin de l'occupation américaine et du transfert de souveraineté prévus le 30 juin. Mais la réunion a pris un caractère d'urgence pour Washington, après l'appel d'une haute autorité religieuse chiite, le grand ayatollah Ali Sistani, à la tenue d'élections pour la désignation d'une assemblée provisoire, avant la remise du pouvoir à un gouvernement transitoire. Paul Bremer s'est dit “ravi” que le secrétaire général examine la question, ajoutant que de plus amples discussions techniques devraient débuter dès lundi après-midi. L'Onu n'avait pas été associée à l'accord du 15 novembre, conclu entre la coalition et l'exécutif irakien, et qui, à aucun moment, ne fait mention d'un rôle quelconque pour l'organisation internationale. À Bagdad, des milliers de chiites ont scandé lundi “Oui, oui à l'islam. Oui, oui à la Hawza (institution chiite de référence)”, “Sistani Sistani, nous sommes tes soldats pour la libération”. Le grand ayatollah Sistani, personnalité de référence chez les chiites (quelque 60% de la population), exige des élections générales et conteste la désignation de l'Assemblée transitoire telle qu'elle est prévue par l'accord de novembre. Les Américains, jugeant impossible la tenue d'élections dans les délais, ont demandé à M. Annan d'envoyer une mission en Irak. Il reviendrait à la mission, au cas où un scrutin serait impossible, d'“expliquer pourquoi et de discuter des alternatives”, a expliqué, lundi, le président du Conseil de gouvernement irakien, Adnane Pachachi. La question des élections est “légitime” et “l'Onu avec son expertise peut apporter des perspectives”, a dit M. Bremer. Pour sa part, le président George W. Bush va défendre, aujourd'hui à 2h GMT, devant le Congrès, le bilan des trois premières années de son mandat lors du discours sur l'état de l'Union, qui tombe cette année au moment où l'administration Bush rencontre les plus grandes difficultés à stabiliser l'Irak. Sur un autre plan, un convoi de véhicules militaires transportant une quarantaine de soldats de l'avant-garde japonaise est arrivé, lundi soir, à Samawa, à 270 km au sud-ouest de Bagdad, en provenance du Koweït. R. I. /A.