Le secrétaire général ne dit pas non mais réclame des assurances sécuritaires. Le retour de l'ONU en Irak est devenu pour les Etats-Unis un enjeu de première importance pour les Etats-Unis d'où les charges de Washington sur le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, le pressant de donner son accord au retour de son organisation en Irak. Kofi Annan en tournée en Europe a indiqué hier à Paris que l'ONU, enverra une mission en Irak à la condition que sa sécurité soit assurée. «Dès que j'aurai acquis la conviction que l'autorité provisoire de la coalition prendra des mesures adéquates pour assurer la sécurité, je dépêcherai une mission en Irak comme on me l'a demandé» a annoncé M.Annan dans un communiqué. Le secrétaire général de l'ONU indique par ailleurs : «Nous avons analysé la situation et étudié les documents pertinents (...) Je suis à présent parvenu à la conclusion que l'ONU peut jouer un rôle constructif en aidant à trouver une issue pour sortir de l'impasse actuelle». Les réserves du secrétaire général s'expliquent du fait de l'insécurité prégnante en Irak d'une manière générale avec des incidences négatives sur la sécurité des membres de la mission onusienne, plus particulièrement, d'autant plus que l'ONU a perdu son secrétaire général adjoint, Sergio Vieira de Mello, en août dernier dans un attentat à la voiture piégée contre le siège de l'ONU à Bagdad. Aussi, avant tout retour en Irak, Kofi Annan exige des puissances occupantes, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, des assurances que les envoyés de l'ONU seront à l'avenir mieux protégés. Mais, sur le terrain la situation est loin de répondre à ces voeux, d'autant plus que onze Irakiens ont trouvé la mort lors des 48 dernières heures. C'est dire aussi que les forces de la coalition américano-britannique sont encore loin de maîtriser toutes les données inhérentes à la situation en Irak. Or, outre les conditions sécuritaires qui demeurent précaires, Washington est aussi confronté aux exigences des chiites et de l'ayatollah Ali Sistani quant à l'organisation d'élections au suffrage universel direct. Ce qui, dans la situation actuelle du pays demeure peu probable. Et l'une des missions de l'ONU est justement de donner un avis sur la faisabilité d'élections directes d'ici à fin mai ou fin juin. Sur ce point, le secrétaire général de l'ONU qui affirme s'en tenir «fermement à l'idée que la solution la plus viable pour aller de l'avant doit venir des Irakiens eux-mêmes», indique : «La réalisation d'un consensus entre tous les groupes irakiens intéressés fournirait la meilleure garantie pour un système de gouvernement transitoire qui serait légitime et crédible pour l'Irak». Aussi, l'aide de l'ONU consiste d'abord à dire si effectivement des élections sont possibles dans les délais impartis par l'accord le 15 novembre entre l'autorité provisoire de la coalition et le Conseil transitoire du gouvernement irakien pour le transfert du pouvoir aux Irakiens. L'ayatollah Sistani qui réclame des élections directes, a quelque peu nuancé son propos indiquant qu'il est prêt à s'aligner sur l'avis que donneraient les Nations unies. Prématurément tenue pour quantité négligeable par Washington, l'ONU se pose aujourd'hui comme incontournable pour toute solution pacifique de la crise irakienne.