Les éditions Chihab viennent de publier deux ouvrages de Rachid Mimouni (1945-1995) : le roman “la Malédiction", et le recueil de nouvelles “la Ceinture de l'ogresse". Le roman de 256 pages, “la Malédiction", situe l'intrigue, en juin 1991, dans un hôpital algérois. “Les intégristes viennent de lancer une grève insurrectionnelle dans le but affiché de prendre le pouvoir, et ont ordonné à leurs troupes d'occuper les places publiques de la capitale", est-il expliqué dans la présentation de l'éditeur. Un groupe d'intégristes prend donc le contrôle du plus grand hôpital de la capitale, “et y instaurent un ordre qui préfigure celui qu'ils veulent imposer au pays entier". Dans le roman, on fait connaissance avec les personnages de Kader, un jeune obstétricien ; de Saïd, l'intellectuel désabusé ; Palsec, sorte de Gavroche algérois ; Louisa et Si Morice, l'étrange vieillard qui égrène ses souvenirs de la lutte pour l'indépendance. “Ainsi s'imbriquent, dans ce récit où l'hôpital – lieu de naissance et de mort – est la métamorphose d'une nation déchirée entre avenir et passé, les pièces d'une malédiction qui s'acharne, depuis un demi-siècle, à susciter la discorde et les luttes fratricides", signale-t-on dans la présentation. Le recueil de nouvelles de 192 pages, “la Ceinture de l'ogresse", est construit autour de sept textes (“le Manifestant", “Histoire de temps", “le Gardien", “les Vers à soie", “le Poilu", “les Ordinateurs et moi", “l'Evadé") dans lesquels, Rachid Mimouni décrit, avec minutie, l'absurde administratif de son pays. “La Ceinture de l'ogresse", publié en 1990, “invitait à une réflexion sur le pouvoir et sur les risques de régression qui menaçaient l'Algérie, prise entre la pesanteur démocratique et la remontée de l'obscurantisme. Sa lecture relève aujourd'hui la force prémonitoire de la voix du grand écrivain, trop tôt disparu", est-il mentionné dans la présentation de l'éditeur. Rachid Mimouni, et outre son grand talent et son univers singulier, démontre ses talents de fin observateur de sa société et de son époque. On relèvera également le caractère prémonitoire de ses textes, son recul par rapport à la réalité, et la construction d'un discours et d'une réflexion. Un grand écrivain, un intellectuel disparu beaucoup trop tôt ! R. C.