Un dernier hommage lui sera rendu, aujourd'hui à 11 heures, au palais de la culture Moufdi-Zakaria, à Alger. C'est un homme au parcours atypique. Même si la nouvelle génération ne s'est pas mise à la page pour connaître l'un des pionniers de la chanson populaire algérienne, il n'en demeure pas moins que feu Mustapha Toumi a marqué de son empreinte notamment la musique chaâbie. C'était un célèbre compositeur. Un parolier de talent. Il a composé la célèbre qasida "Sobhan Allah Ya Ltif" que le géant cheikh El-Hadj M'hamed El-Anka a interprétée superbement. Cette œuvre est une qasida exclusivement algérienne, écrite dans le même style et dans les structures identiques des grandes et classiques œuvres chantées du chaâbi. “C'est l'insatisfaction politique, la transformation sociale brusque et l'inversion des valeurs qui m'ont fait inspirer la qacida "Soub'hane Allah ya Eltif", avait confié l'artiste, qui a également écrit pour Mohamed Lamari, Warda El-Djazaïria et Myriam Makeba. Il est décédé, hier à Alger (hôpital Mustapha) des suites d'une longue maladie, à l'âge de 76 ans. Le défunt sera enterré aujourd'hui au cimetière d'El-Kettar. Un hommage lui sera rendu, durant cette matinée, au palais de la culture Moufdi-Zakaria d'Alger. Mustapha Toumi est natif de la Casbah d'Alger, le 14 juillet 1937. Originaire de la basse Kabylie (Bordj Menaïel), il intégra en 1958 les rangs du FLN. Durant la même année, il intégra la radio clandestine du FLN, "La voix de l'Algérie libre et combattante". Dès l'indépendance, il sera désigné à la direction des affaires culturelles au ministère de l'Information. Artiste aux multiples facettes, le défunt Toumi était non seulement compositeur et poète, mais il fut un musicien de talent et un peintre confirmé. “Mon père peignait des toiles qu'il conservait jalousement à la maison et n'avait jamais pensé à les vendre. Il ne les a jamais exposées", a confié mercredi à l'APS Imane, sa fille cadette. Père de six enfants, Mustapha Toumi a eu une vie pleine d'aventures. Entre ses penchants artistiques qui occupaient la plupart de son temps, le défunt avait même lancé une formation politique, juste après l'ouverture démocratique, mais faute d'ancrage et de moyens, Toumi tourne la page de la politique. Sa formation politique qu'il tenta de mettre sur pied se veut une tribune d'expression des militants portés sur la modernité et la démocratie. Il était connu aussi pour ses positions anti-intégristes qu'il défendra dans ses écrits, sur les plateaux de télé et sur l'antenne de la radio. Après cette expérience, il s'engagea dès lors dans la peinture, l'écriture et les manifestations culturelles. Il en organisera plusieurs, notamment à Alger. Par ailleurs, indépendamment de ses collaborations à la presse écrite, le défunt s'apprêtait à publier un ouvrage sur la langue amazighe, entre histoire et origines. Un livre, assure sa famille, “qui lui tenait beaucoup à cœur". La ministre de la Culture, Khalida Toumi, a adressé un message de condoléances dans lequel elle a rappelé que le défunt “moudjahid, intellectuel, poète, compositeur et grand artiste" était à l'origine de célèbres et éternels textes et musiques. Elle est également revenue sur son parcours, rappelant notamment qu'il a fait partie de la radio "la Voix de l'Algérie libre et combattante", et qu'il a également occupé, en 1962, le poste de responsable des Affaires culturelles au ministère de l'Information. M M