À longueur d'année, s'organisent tous genres de colloques, séminaires, journées, assises : institutions, entreprises, association, task forces. Des spécialistes, commissions et ateliers y analysent et expliquent ce qui ne va pas. Intelligence économique, TIC, e-commerce, énergie, tourisme, communication... tout y passe dans une infinie noria d'“événements". Les recommandations s'accumulent, chaque fois semblables aux précédentes. Managers et experts jouent le jeu de ces “y a qu'à" sans cesse rabâché qui, en gros, se résument à ceci : “Les normes existent ; y a qu'à les appliquer et tout ira bien, en tout cas ira mieux". Ce discours de l'efficacité bénéfice d'une quasi-unanimité sur une condition hypothétique : un contexte économique de marché et un fonctionnement institutionnel transparent. Prenons le cas du dernier “événement" en date : le salon Event Expo organisé par le World Trade Center Algeria. D'emblée, les premiers discours portent sur la mauvaise approche de la fonction — ou l'absence de fonction — communication dans les entreprises et institutions nationales. En situation idéale, la communication institutionnelle tendrait, par exemple, à mettre à la disposition des usagers les informations concernant le service public. Or, il est connu que, dans le contexte national, la communication sert plutôt à entretenir l'opacité de fonctionnement des institutions. On y organise la rétention de l'information, on s'y protège contre la curiosité de l'opinion publique et on y organise la défense contre la critique. Economiquement, les dépenses publicitaires sont centralement administrées par un pouvoir qui en fait un instrument de gestion clientéliste de la presse. D'ailleurs, les entreprises privées se servent aussi, quelquefois, de leur budget de publicité, en partie pour la promotion de leurs produits et en partie pour entretenir la complaisance médiatique. Il étonnant qu'un “expert" du cru s'étonne alors de constater que “80% des entreprises disposent d'une direction de la communication mais toutes ne travaillent pas comme l'exige la communication" ! L'objet de ces directions étant plus de gérer l'obligeance, voire le silence des médias que de susciter la communication sur les pratiques commerciales de leurs entités. C'est tout aussi surprenant de l'entendre se désoler que “le secteur est désorganisé" et qu'“on ne sait pas (...) qui fait quoi". Justement, la communication, en plus d'être une activité de propagande, est un moyen supplémentaire d'orientation népotique et clientéliste de la rente. Cette portion de rente est canalisée vers la parentèle et la clientèle à travers l'offre promotionnelle institutionnelle et commerciale. Pour “vivre heureuses", la plupart de ces “boîtes" ont besoin de “vivre cachées". Dans un système rentier, oligopolistique, la communication n'est pas une fonction au sens managérial du terme, ni une activité au sens industriel ; d'où ce paradoxe de la discrétion du monde de la communication sur lui-même. Dans un tel système, qui a besoin d'opacité pour cacher ses pratiques politico-commerciales, on fait de la contre-communication. Et toute cette activité de “réflexion" sur les différents secteurs et fonctions de gestion, pour prospérer, a besoin de faire comme si elle se trompait de contexte politique. M. H. [email protected] Nom Adresse email