C'est par une large avance sur son concurrent direct que Abderrezak Mokri a été consacré, samedi en début de soirée, par le vote des membres du madjliss echoura (eux-mêmes élus plus tôt dans la journée) à l'issue du Ve congrès, nouveau président du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Le vice-président sortant a ainsi obtenu 177 voix contre 66 récoltées par son adversaire du jour, Abderrahmane Saïdi. Bien qu'en 2008, ce dernier a raté de peu son élection à la présidence du MSP (Abou Djerra Soltani l'a devancé à peine de quelques voix), l'élection de Abderrezak Mokri semble nettement plus logique dans le contexte actuel, aussi bien au niveau partisan que de la scène politique nationale. En clair, le MSP s'est doté tout simplement d'un chef connu pour ses positions radicales vis-à-vis du pouvoir. Ce qui marquera davantage l'éloignement du parti de la politique de l'entrisme qu'il a prônée jusqu'à son retrait de l'Alliance présidentielle en décembre 2011. Abderrezak Mokri se présente, de ce fait, sous les traits et le profil de la personne indiquée pour mener à bon port les nouvelles orientations politiques du mouvement. Il s'agit d'abord de défendre, dans le cadre de la révision constitutionnelle, le retour à la limitation des mandats du président de la République. Le parti donne l'exemple en introduisant, dans ses statuts, un amendement qui empêche le président du mouvement de rester à son poste plus de dix ans, soit la durée d'un mandat renouvelable une seule fois. Il s'est donc naturellement prononcé contre un quatrième mandat du président Bouteflika, s'il venait à se présenter à sa propre succession à la magistrature suprême. “Je ne sais pas comment il serait possible d'empêcher Bouteflika de se représenter pour un 4e mandat. Le mouvement est contre sa candidature, du fait de sa position qui milite pour la limitation du mandat présidentiel. Si la révision constitutionnelle ne viendrait pas à les en limiter ou interdire la prolongation, personne n'a les moyens de l'empêcher de se représenter", a déclaré M. Mokri, il y a près d'un mois, dans les colonnes d'un quotidien national en sa qualité, à l'époque, de vice-président du MSP. Il faut s'attendre d'ailleurs à ce que le parti se présente à l'élection présidentielle du printemps 2014 avec son propre candidat, qui serait probablement Abou Djerra Soltani. Ce dernier a bien précisé, lors du 5e congrès, qu'il se retire de la présidence du mouvement, mais pas de la vie politique. “J'ai encore un rôle à jouer", a-t-il déclaré, donnant l'impression qu'il se réserve à un destin plus grand. Au-delà, M. Mokri est considéré, depuis au moins quinze ans, comme un cadre supérieur du MSP. Il gravite autour de la direction du parti, en occupant des fonctions stratégiques : président du groupe parlementaire à l'APN, porte-parole puis vice-président du mouvement... Il est aussi présent continuellement dans les médias nationaux et internationaux. Dans chacune de ses interviews, il use d'un ton incisif, qui lui a valu la réputation de porte-étendard de la tendance radicale du parti. Celle qui ne représentait que la minorité du temps où le MSP couvait dans le giron du pouvoir. S. H. Nom Adresse email