Une fois n'est pas coutume, le café littéraire de Béjaïa a organisé, samedi dernier au Théâtre régional Malek-Bouguermouh, une journée portes ouvertes sur les éditions Achab et Sefraber (Société des éditions franco-berbères). Cette dernière vient d'y installer son bureau régional. L'objectif visé par cette action culturelle : faire découvrir au plus grand nombre de lecteurs, auteurs, libraires, journalistes, étudiants et associations les ouvrages publiés par ces deux maisons d'édition, de mettre en évidence leurs efforts pour l'enrichissement de la production littéraire nationale. Au programme, il y a eu une exposition des publications des deux éditeurs, des rencontres-dédicaces avec des auteurs et une conférence sur l'édition en Algérie. Cette dernière a été animée par Ramdane Achab, docteur en mathématiques et en linguistique berbère, auteur et éditeur. Son exposé a porté, d'une part, sur l'expérience et le parcours des éditions Achab qu'il dirige depuis leur création en 2008, et d'autre part sur le champ éditorial national, notamment dans le domaine amazigh. Le conférencier, qui a salué le travail des animateurs du café littéraire, un espace libre et vital permettant le développement et l'élévation du niveau culturel et intellectuel dans un pays où règne la censure et l'autocensure, “un pays où l'on fabrique des phrases ; quand vous avez l'impression de parler par vous-même, en fait vous répétez des phrases fabriquées dans des bureaux par des spécialistes ; on fabrique le découragement, on fabrique la division..." Il dira néanmoins face à un parterre de jeunes que la partie n'est pas perdue ; il les a invités à s'impliquer davantage, au moment où la mode est au découragement, à la course à l'argent et aux trafics en tous genres. A ce propos, il a repris à son compte la réflexion de l'anarchiste, Antonio Gramsci, qui disait qu'“il faut opposer l'optimisme de la volonté au pessimisme de l'intelligence" pour illustrer le besoin et la nécessité de continuer à travailler malgré toutes ces entraves. Abordant le domaine de l'édition, il a plaidé pour la nécessité de la constitution d'un véritable pôle éditorial à l'échelle de toute l'Afrique du Nord : “L'idéal serait que l'édition amazighe soit à la hauteur de cet espace immense, à la hauteur des attentes et des espoirs, que les publications soient disponibles partout et que les différentes variétés de tamazight soient également présentes partout." Durant les débats, il a abordé les difficultés inhérentes au monde de l'édition, en constatant l'absence de sponsoring même chez l'immigration où l'on préfère investir dans le couscous et le bendir que de soutenir financièrement le livre et la culture en général. Les pouvoirs publics, à leur tête le ministère de la Culture sont également interpellés sur la nécessité d'une gestion transparente de la politique de soutien au livre. La qualité des publications en tamazight et l'enseignement de cette langue ont également été au menu. Ramdane Achab a estimé qu'il faut dissocier la politique de la pédagogie et revenir à un enseignement moins dogmatique et plus proche de la réalité et du vécu de la population. M. O Nom Adresse email