Le principal motif ayant conduit au déclenchement de la guerre contre l'Irak est une nouvelle fois battu en brèche par le chef des chercheurs US démissionnaire. David Kay, qui dirigeait le groupe d'experts chargé de trouver des armes de destruction massive (ADM) en Irak, a indiqué, dimanche, qu'il ne pensait pas que Saddam Hussein détenait de tels armements avant l'invasion de l'Irak par les forces américaines. “Nous avons conduit cette recherche pour trouver la vérité, pas des armes de destruction massive, et le fait est que, jusqu'à maintenant, ces armes n'existent pas et nous devons en comprendre les raisons”, a-t-il déclaré dans une interview à la radio publique américaine NPR (National Public Radio). “Pour résumer ce que je pense basé sur ce que j'ai vu, il est très improbable que nous trouverons d'importantes quantités d'armes”, a ajouté M. Kay. “Je ne pense pas qu'elles existent, mais c'est mon opinion personnelle fondée sur les indices tels qu'ils étaient quand j'ai quitté l'Irak”, a-t-il encore dit. M. Kay, qui a démissionné vendredi de ses fonctions, est rentré aux Etats-Unis fin décembre et depuis n'est pas retourné en Irak. Interrogé sur le fait de savoir si George W. Bush devrait s'expliquer devant les Américains pour avoir déclenché une guerre en Irak sur la base d'informations erronées, M. Kay a dit qu'“en réalité, ce sont les services de renseignement qui doivent fournir une explication au Président”. “Il ne s'agit pas d'une question politique mais de celle de la capacité des agences de renseignement à collecter des informations crédibles”, a-t-il ajouté, rappelant que l'Irak était déjà considéré par l'administration démocrate de Bill Clinton comme un danger. M. Kay a précisé que depuis la défaite de l'Irak dans la guerre du Golfe en 1991, ce pays n'avait plus de programme étendu de production d'ADM ni de stock important pouvant être utilisé “immédiatement”.Le premier ministre britannique, Tony Blair, avait affirmé avant l'intervention militaire contre Bagdad que l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein, actuellement détenu par les forces américaines, pouvait déployer de telles armes en 45 minutes. M. Kay a également précisé ne pas avoir de preuve de transferts d'ADM ou de matériel sensible entre la Syrie et l'Irak avant la guerre. Il a souligné, toutefois, que d'importants mouvements ont été constatés à la frontière entre ces deux pays : “Il y a des photos de satellites et des observations au sol qui ont montré un flot constant de camions, de voitures et de trains à la frontière irako-syrienne (avant l'intervention américaine), mais nous ne savons pas ce qui a été transporté”, a expliqué M. Kay. “Il est important de savoir ce qui était transporté à ce moment là (...), mais cette réponse ne peut être donnée que par la Syrie qui ne manifeste aucun désir pour nous aider”, a-t-il souligné. Les déclarations de M. Kay contredisent les affirmations de la Maison-Blanche qui continue à affirmer que la guerre était justifiée pour mettre fin aux programmes d'ADM de l'Irak. “Si nous n'avions pas agi, le programme de développement d'armes de destruction massive du dictateur continuerait encore aujourd'hui”, avait déclaré, mardi dernier, le président George W. Bush dans son discours sur l'état de l'Union devant le Congrès. R. I. /A.