Poudrière Situation délicate pour Londres et Washington engagés dans une guerre qu?ils ne contrôlent plus. Les Etats-Unis sont prêts à envisager, si l'ONU le recommande, une modification du calendrier sur le retour de la souveraineté en Irak prévu le 30 juin, alors que Londres et Washington sont sur la défensive avec la controverse qui s'amplifie sur les Armes de destruction massive (ADM). Selon un responsable du département d'Etat, Washington a toujours l'intention de respecter la date du 30 juin, mais se laisse «un petit espace en fonction des commentaires de l'ONU et sur ce qu'elle considère comme le mieux». Une équipe de l'ONU doit être bientôt dépêchée en Irak pour étudier la possibilité de tenir des élections générales rapides, à la demande de Washington soumis à la pression de la communauté chiite irakienne qui veut des élections générales au suffrage universel avant fin juin. A la Maison-Blanche, le porte-parole Scott McClellan a souligné que son pays restait «fermement engagé» à respecter le calendrier contenu dans l'accord du 15 novembre prévoyant, avant le 30 juin, un gouvernement transitoire nommé par une assemblée élue au suffrage indirect. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a réfuté l'idée d'un changement de calendrier, mais il a souligné que cette décision appartenait au seul président George W. Bush. En Grande-Bretagne comme aux Etats-Unis, la polémique sur l'absence en Irak d'ADM, dont l'existence supposée était la principale justification de la guerre lancée par M. Bush avec le soutien de Londres, continue de prendre de l'ampleur. Devant les députés britanniques, le Premier ministre Tony Blair a, de nouveau, hier, mercredi, tenté de les convaincre du bien-fondé de la guerre. Mais pour la première fois, il a admis que le Groupe d'inspection en Irak (ISG) qui devait découvrir les ADM n'avait «pas trouvé d'armes prêtes à être immédiatement utilisées». M. Blair a ajouté qu'il ne connaissait pas, avant le vote du 18 mars 2003 autorisant la guerre, la nature exacte des ADM présentées dans un dossier à charge affirmant que l'Irak pouvait déployer des armes chimiques ou bactériologiques en moins de 45 min. David Kay, qui a démissionné de son poste de chef de l'ISG, a déclaré à plusieurs reprises que les ADM que Saddam Hussein était censé détenir «n'existent pas». M. Rumsfeld a déclaré, pour sa part, qu'il n'y avait pas de preuve définitive que l'Irak n'avait pas ces armes et soutenu haut et fort la crédibilité des services de renseignement américains devant la commission des forces armées du Sénat. Le directeur de la Centrale américaine de renseignement (CIA), George Tenet, devrait, lui aussi, défendre, aujourd?hui, les renseignements sur les programmes d'ADM. Bush et Blair sont en position délicate, car aucune ADM n'a été trouvée en Irak depuis la fin de la guerre.