Emboîtant le pas à Sidi-Saïd qui avait déclaré, dans les colonnes de Liberté, que la suppression de l'article 87 bis et son application mécanique entraîneraient un choc financier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, reconnaît lui aussi des difficultés pour abroger cette disposition. Selon Tayeb Louh, qui s'exprimait jeudi à l'APN, des groupes de travail se penchent sur la question pour trouver une solution qui arrangerait à la fois les travailleurs sans mettre en difficulté les entreprises. En clair, le 87 bis ne sera pas supprimé, mais légèrement révisé. C'est pour la première fois que ces deux responsables admettent des difficultés à “supprimer" le fameux article en parlant désormais de “révision" et non de “suppression". On est loin des déclarations euphoriques faites au lendemain de la dernière tripartite où tout le monde parlait de “la fin du 87 bis". Pour Sidi-Saïd, le groupe de travail est à la recherche d'une “modalité d'application équilibrée qui satisfasse le travailleur tout en évitant à la masse salariale d'exploser". Ainsi, le gouvernement va sûrement retenir la variable qui consiste à aligner le SNMG sur le traitement de base + l'IEP (indemnité d'expérience professionnelle). Une formule qui va avoir moins d'impact sur la trésorerie publique et celles des entreprises économiques. Cette variante présentée dans un rapport de l'UGTA, daté de septembre 2011, est la plus indiquée si l'on tient compte des propos tenus par MM. Louh et Sidi-Saïd. Mais elle est loin de faire l'unanimité au sein même de l'UGTA où certains responsables commencent déjà à la critiquer. “Une formule qui risque de compliquer plus la situation puisqu'elle va pénaliser les travailleurs qui cumulent plusieurs années d'expérience", selon un responsable syndical de Rouiba. Des syndicalistes de Tizi Ouzou qualifient les dernières déclarations de Sidi-Saïd et de Tayeb Louh de “revirement" et de “la montagne qui accouche d'une souris alors que les députés et les cadres dirigeants ont vu leurs salaires doublés", affirme un membre de l'union de wilaya. Selon un rapport de l'UGTA, la formule relative à l'alignement du SNMG sur le salaire de base et l'IEP concernerait près de 693 313 fonctionnaires et induirait une incidence financière de près de 49 milliards de dinars. Alors que dans le cas de la suppression du 87 bis (alignement du snmg sur le salaire de base), l'incident financier serait près de 76 milliards pour un effectif de 997 679 fonctionnaires. Mais c'est dans le secteur économique que l'impact est plus ressenti, notamment pour certaines entreprises en difficulté financière. Ainsi, à Cosider, la masse salariale globale augmentera de plus de 38,69% avec l'abrogation du 87 bis selon un document de l'UGTA qui ne donne pas le montant en cas de l'alignement du salaire de base avec l'IEP. Si au niveau de cette importante entreprise publique, cet impact pourrait être supportable, chez bon nombre d'entreprises, les choses seront plus compliquées comme c'est le cas chez le groupe avicole de l'Ouest, Oravio, qui emploie plus de 2 000 travailleurs et dont la masse salariale augmentera de plus de 20%. À Sonelgaz, la masse salariale, qui est de 42 951 095 da, passera à 52 829 846 da, soit une augmentation de 23% alors qu'à la SNVI, la masse salariale augmentera de plus de 12%. Mais c'est le secteur privé qui s'oppose à la suppression de la 87 bis en brandissant “des difficultés financières synonyme de licenciement de travailleurs". Reste à savoir quand les groupes de travail vont finir cette étude qui a commencé il y a déjà deux ans. M. T. Nom Adresse email