Le projet de révision constitutionnelle est-il désormais plombé ? II y a encore un mois, cette question était impensable, tant la machine, pour la mise en œuvre de cet ultime chantier politique du président Bouteflika, était bien lancée. Surtout avec l'installation de la commission Kerdoum (du nom de son président), d'ailleurs pressée de remettre sa copie “dans les plus brefs délais", selon le communiqué de la Présidence. Cette question, que d'aucuns trouveraient peut-être impertinente, fait partie du débat politique et de nombreux observateurs se la posent aujourd'hui. Et à juste raison, car l'aggravation de l'état de santé du président Bouteflika, un paramètre aléatoire, soufflant comme un vent contraire, que les promoteurs du projet ne pouvaient pas humainement prévoir, est venue brouiller les cartes d'un scénario écrit d'avance pour épargner au système les risques de turbulences. Avec un président de la République plus préoccupé par ses soucis de santé, alors qu'il est le maître d'œuvre de cette révision, on voit mal cette commission d'experts faire comme si de rien n'était. On se demande même si elle ne s'est pas mise, de fait, en veilleuse, le temps que l'horizon politique puisse éventuellement s'éclaircir. Car c'est au président Bouteflika qu'elle doit rendre compte de ses propositions et c'est lui, dans un second temps, qui doit la soumettre à l'approbation du peuple et du Parlement. Autant d'étapes qui relèvent aujourd'hui de l'impossible, en l'état actuel des choses. Mais au-delà de cette impossibilité, anecdotique à la limite, c'est la finalité même de cette révision qui est aujourd'hui en cause. Avec un Président, qui ne retrouvera plus la plénitude de ses moyens pour assumer les lourdes obligations de la charge présidentielle, quelles que soient les prouesses de la médecine française, c'est tout le projet du quatrième mandat qui tombe à l'eau. D'aucuns, au sein de la classe politique, évoquent même l'hypothèse d'une élection présidentielle anticipée. Or, le but de cette révision, c'est précisément de baliser la transition politique en permettant au Président de briguer un quatrième mandat avec un vice-président qu'il aura choisi lui-même pour prendre le relais en cours de route, le cas échéant. Et, pour le coup, le projet de révision de la Constitution se voit ajourné, il appartiendra au successeur de Bouteflika de le concrétiser, car l'Algérie a réellement besoin d'une Constitution consensuelle et pérenne. Une Constitution pour un pays, pas pour un homme. Nom Adresse email