Les évènements violents qu'a connus l'Algérie ces dernières décennies, de par leur nature (séismes, inondations, terrorisme) et leur amplitude à l'échelle sociale, ont produit une réalité toute particulière dans pratiquement l'ensemble des secteurs. Qualifiée de “séisme social" par le sociologue Slimane Madhar, la violence en Algérie, verbale ou physique, a fini par gagner l'école, faisant de nombreuses victimes, surtout parmi les enseignants et les élèves. Entre 2001 et 2007, plus de 59 000 cas de violence étaient enregistrés sur l'ensemble du cycle scolaire, selon une étude du ministère de l'Education nationale. D'autres enquêtes, mais aussi des rencontres nationales et des colloques internationaux ont dévoilé les différentes expressions de la violence, devenue un phénomène de société, quotidien et familier. En 2009, Téric Boucebi, le président de la fondation Mahfoud-Boucebci, également membre de la Société mondiale de victimologie (WSV), confiait à un journal national que son association était arrivée, depuis peu, “au début d'une réflexion réelle sur la violence dans le système scolaire". En 2010, la fondation Boucebci, en partenariat avec l'Union européenne, a mis en route un projet intitulé “Réduction de la violence en milieu scolaire", d'une durée de trois ans, le présentant comme une tentative de réflexion et d'action susceptibles de traiter, en amont, “un phénomène dont les effets peuvent avoir de lourdes conséquences qui dépassent le cadre de la santé mentale". La fondation est intervenue dans des quartiers défavorisés de l'est d'Alger, composés d'une population “fortement touchée par la violence" : les enfants des quartiers ciblés par ledit projet ont été victimes “de la violence de la décennie noire et de la déstructuration de la cellule familiale et des traumas psychologiques subis par leurs parents, ainsi que par leurs enseignants". 15 établissements scolaires du cycle primaire, implantés dans les communes de Bab-Ezzouar (12 écoles) et de Mohammedia (3 écoles), ont été sélectionnés. En plus des élèves de ces écoles, le projet a inclus les acteurs pédagogiques, à savoir les enseignants, les chefs d'établissement, les parents d'élèves, principalement ceux qui fréquentaient la fondation Boucebci, des inspecteurs de la circonscription et enfin des membres du Comité pédagogique de la circonscription Alger-Est de la direction de l'éducation nationale. Le projet “Réduction de la violence en milieu scolaire" impliquait en outre les psychologues de la fondation dans différentes actions engagées. Concrètement, des formations ont été dispensées au profit des enseignants, des directeurs d'établissement et des inspecteurs, pour la constitution d'un “savoir théorique et pratique", afin de leur permettre “la compréhension profonde de la psychologie de l'enfant et une plus grande coopération entre tous ces acteurs de l'éducation". Ainsi, des formations sur la gestion de la violence et de l'agressivité ont été programmées entre mai et juillet 2012 et ont concerné des cadres pédagogiques (enseignants, chefs d'établissement et inspecteurs de circonscription). Par ailleurs, des ateliers d'animation ont été proposés à des groupes ciblés d'élèves, l'objectif étant de leur permettre “une assimilation plus efficiente de modèles de communication non-violente", par la prévention contre la violence et la gestion de conflits, et ce, à travers leur vécu et leur expérience. Après les formations, un guide destiné aux enseignants a été réalisé et traduit en langue arabe, pour être remis aux acteurs pédagogiques. À cela, il faudrait ajouter le travail de sensibilisation, à travers des rencontres, colloques, conférences et séminaires, au profit essentiellement des enseignants, des directeurs d'école et des parents d'élèves, portant en particulier sur la maltraitance, la formation réseau, la violence dans les établissements scolaires et le devenir des enfants, la réparation dans les cas de violence et de traumatisme. Pour les responsables de la fondation, cette action a permis des “échanges très riches entre les différents protagonistes, notamment concernant les rapports parfois conflictuels entre les parents d'élèves et l'institutioné". Sur un autre plan, l'équipe du projet, constatant que des tensions existaient entre les chefs d'établissement et les inspecteurs de circonscription, a mis en place différents ateliers de paroles, puis a organisé une rencontre-médiation, pour permettre à ces deux groupes d'échanger et de dialoguer. D'autres actions ont été initiées par la Fondation Boucebci. Cette dernière a, en effet, mené des enquêtes sur la violence à l'école, via des questionnaires, ciblant 150 enseignants et 450 élèves. De plus, un manuel dénommé “Guide destiné aux acteurs pédagogiques" a été réalisé fin décembre 2012, avec l'objectif est de “contribuer à l'enrichissement de la recherche et de la réflexion sur la violence en milieu scolaire". D'après ses promoteurs, le guide sera “un ouvrage de référence pour les enseignants" et permettra aux “acteurs institutionnels" de bénéficier de l'impact du projet. H A Nom Adresse email