Cela fait bientôt 40 jours que le président Bouteflika est absent du pays pour raison de maladie. Il y a plus d'un mois, on nous assurait, par la voix du Premier ministre et par communiqué de la présidence de la République, que son état de santé s'était “nettement amélioré". D'autres sources avaient juré qu'il serait à Alger pour recevoir le Premier ministre turc. Erdogan arrive aujourd'hui, mais à ce jour, point de Président à El-Mouradia, point de Président en Algérie. La vacance du pouvoir est désormais un fait et les langues commencent à se délier, aussi bien à Alger qu'à Paris. “Bouteflika ne pourra pas reprendre ses fonctions", estime l'ancien colonel du DRS, Mohamed-Chafik Mesbah. “Il n'est pas en état de continuer", renchérit une source diplomatique très haut placée, à Paris, ajoutant qu'“il serait plus sage pour les autorités algériennes d'entamer le processus qui va conduire à une relève". Le mot est lâché. Ce processus “qui va conduire à une relève", c'est assurément celui prévu par l'article 88 de la Constitution. Le Conseil constitutionnel est donc censé se réunir “de plein droit" pour “vérifier la réalité de cet empêchement par tous les moyens appropriés" et proposer au Parlement de déclarer l'état d'empêchement. Mais si, jusqu'à preuve du contraire, les conditions objectives de l'application de cette disposition constitutionnelle semblent réunies, la mise en branle de la procédure reste tributaire de la volonté du Conseil constitutionnel, notamment de son président, Tayeb Belaïz. Celui-ci a été nommé à ce poste par Bouteflika qui, se sachant malade depuis longtemps, avait visiblement tenu à assurer ses arrières en confiant cette fonction à un de ses hommes de confiance. Ce même Belaïz, à en croire Chafik Mesbah, a déjà servi de verrou, lorsqu'il était ministre de la Justice, afin d'empêcher (ou d'entraver) l'ouverture d'enquêtes judiciaires ciblant des membres du clan cités ou impliqués dans des scandales de corruption, dont Chakib Khelil. Question : si la vacance actuelle devait perdurer encore, qui sautera donc le verrou ? Les mauvaises langues disent qu'il va falloir brandir la menace de sortir un ou des dossier(s) compromettant(s) pour amener le Conseil constitutionnel à assumer ses responsabilités. Des mauvaises langues qui, décidément, connaissent les mécanismes de la République de Bouteflika. Nom Adresse email