Après plusieurs reports, le tribunal de Aïn M'lila a rendu, mardi, son verdit dans l'affaire qui oppose le CA Batna à la JS Saoura pour tentative de corruption. Il a condamné à 18 mois de prison ferme le président de la JS Saoura, Mohamed Zerouati ; le manager des joueurs Nouri Benaïssa, et son collaborateur Imad Bella. Le juge s'est reposé sur les enregistrements vidéo impliquant notamment Nouri Benaïssa et Imad Bella et des enregistrements de conversations téléphoniques de Mohamed Zerouati pour justifier son verdict. Selon le président du CA Batna, Farid Nezzar, deux joueurs de son club ont été approchés par un manager, répondant au nom de Benaïssa et un certain Imad, qui s'étaient présentés en qualité d'émissaires du président de la JSS, Mohamed Zerouati, afin d'arranger le match face au CA Batna qui a eu lieu en octobre 2012 (1-1). Désormais, Zerouati, Benaïssa et son collaborateur Bella attendent une réaction de la FAF pour décider des suites à donner à ce contentieux. En effet, l'un des quatre avocats de Zerouati, Benaïssa et Bella, à savoir Mourad Boutadjine, ex-présentateur-journaliste sportif vedette de l'ENTV, qui a retrouvé aujourd'hui son métier de formation, affirme que "la FAF ne peut pas rester sans réaction devant le verdict du tribunal, alors qu'elle est concernée directement par l'affaire". "Pour la défense de nos clients, nous avons plaidé le fait que le tribunal de Aïn M'lila n'est pas compétent pour traiter une telle affaire, dans la mesure où les statuts de la FAF recommandent au plaignant, c'est-à-dire le président du CAB, M. Nezzar, de saisir d'abord la FAF, puis éventuellement le TAS pour faire valoir ses droits. Or Nezzar n'a pas respecté cette procédure en recourant directement à la justice, alors qu'il appartenait en dernier lieu à la FAF de le faire et non au CAB. Nous avons aussi plaidé le fait que les enregistrements vidéo et les écoutes téléphoniques ne peuvent être pris en compte par la justice et représentent même une violation flagrante de la liberté individuelle. Cependant, le juge n'a pas pris compte de notre défense et a délibéré avec une célérité déconcertante, alors que d'habitude, dans une affaire aussi lourde, il faut au moins deux semaines pour délibérer". Et d'ajouter : "De toutes les façons, nous avons dix jours pour faire appel de ce verdict auprès de la cour d'Oum El-Bouaghi, et croyez-moi, nous allons le faire pour demander purement et simplement l'annulation de ce verdict". Boutadjine : "Le tribunal de Aïn M'lila est incompétent pour juger cette affaire" En effet, les deux articles des statuts de la FAF, 65-1 et 65 -2, stipulent bien que "les membres de la FAF, les ligues et leurs membres, les clubs et leurs membres, les officiels, les joueurs, les agents de joueurs et de matches s'engagent à soumettre leurs litiges exclusivement aux juridictions de la FAF, de la CAF et de la FIFA. Les membres de la FAF, ligues et membres, clubs et membres de clubs qui contestent les décisions d'organes fédéraux sont tenus d'épuiser tous les moyens de recours existant au sein de FAF". Cependant, l'on se rappelle que Nezzar avait saisi la LFP et la FAF en octobre 2012. La LFP avait même publié, le même mois, sur son site internet un communiqué dans lequel elle reconnaît avoir été saisie par le CAB pour une affaire de tentative de corruption. Du coup, Nezzar a été auditionné par la commission de discipline qui, selon lui, l'a prié de saisir plutôt la justice. La LFP et la FAF n'avaient donc déclenché aucune enquête à ce propos, en violation flagrante de leurs statuts. En fait, Nezzar a fini par saisir la justice quand il avait compris qu'il y avait une volonté d'étouffer cette affaire. Avec ce verdict de la justice, la FAF est obligée de prendre des mesures, même si la JSS a décidé de faire appel auprès de la cour d'Oum El-Bouaghi. En effet, l'article 80 du code disciplinaire de la FAF stipule que "la corruption ou tentative de corruption est sanctionnée comme suit : interdiction à vie d'exercer toute fonction et/ou activité en relation avec le football pour le contrevenant ; suspension de l'équipe pour la saison en cours et rétrogradation du club en division inférieure ; deux cent mille dinars (200 000 DA) d'amende pour la personne fautive ; un million de dinars (1 000 000 DA) d'amende pour le club. En outre, la structure concernée peut engager des poursuites judiciaires à l'encontre de l'auteur de cette infraction". Autrement dit, au-delà des autres sanctions, la JS Saoura, qui a fini le championnat à la 9e place, devrait évoluer la saison prochaine en Ligue 2. Ce qui va causer un sérieux problème à la LFP qui va se retrouver avec 15 clubs au lieu de 16. La LFP va-t-elle établir une programmation avec un club exempt à chaque journée, ou va-t-elle repêcher le CAB, classé à la 14e place ? Attendons pour voir. S L Nom Adresse email