Il aura fallu une journée pour faire le montage de ces images prises par l'équipe qui le suivait depuis son accession au pouvoir. Des images où les rares plans serrés montrent un Président affaibli, portant les séquelles de la maladie. Robe de chambre noire, assis sur un fauteuil, éprouvé par la maladie. Des images montées pour montrer juste ce qu'il faut : c'est-à-dire un Président en possession de ses capacités motrices et mentales, buvant du café, mangeant des gâteaux, qui écoute ses principaux collaborateurs et qui leur donne des instructions. La rencontre s'est déroulée mardi, au sein de l'institution des Invalides à Paris, où le président Bouteflika poursuit sa rééducation. Il aura fallu une journée pour faire le montage de ces images prises par l'équipe qui le suivait depuis son accession au pouvoir. Des images où les rares plans serrés montrent un Président affaibli, portant les séquelles de la maladie. Le reste des plans sont larges et montrent le Président de loin, juste pour montrer que ses bras, notamment droit, fonctionnaient normalement, qu'il pouvait boire, manger, parler et entendre. Cette mine de malade, faut-il le rappeler, n'est pas une nouveauté, puisque le président Bouteflika l'affiche depuis sa première hospitalisation au Val-de-Grâce en 2005. Mais c'est la première fois qu'on se contentera de le montrer en robe de chambre, assis. On n'entendra pas un seul mot de sa bouche, encore moins son habituel sourire. Des images, voilà ce que réclamait tout le monde depuis l'hospitalisation, le 27 avril dernier, du président Bouteflika. L'idée d'envoyer une équipe de télévision avait été évoquée au lendemain de cette hospitalisation et les rumeurs qui n'ont pas tardé à la suivre. Mais l'entourage du Président avait refusé à l'époque, arguant qu'il n'était pas question de montrer le chef de l'Etat en pyjama. On le voit en robe de chambre, cette fois-ci, dans un grand salon, orné de porcelaine, tantôt échangeant des mots avec le chef d'état-major, tantôt écoutant le rapport du Premier ministre. Des images muettes, que le communiqué officiel a enrichi avec quelques précisions sur la teneur des discussions qui ont duré quelque deux heures et qui ont tourné autour de la situation politique du pays et des instructions données par le chef de l'Etat, en priorité, la finalisation de la loi de finances complémentaire, le programme spécial Ramadhan et la nécessité de finaliser tous les projets de loi en vue de les présenter au prochain Conseil des ministres. Des images, certes muettes, mais qui constituent des réponses suffisantes à toutes les rumeurs ayant circulé au sujet de l'état de santé du président Bouteflika. Qu'est-ce qui a changé pour que, subitement, l'entourage du Président décide de communiquer à outrance, de publier son bilan de santé et d'accepter qu'on le filme ? Ce n'est pas seulement les rumeurs qui le donnaient paralysé, voire mort, qui ont fait sortir l'entourage du Président de son mutisme, mais certainement les appels, de plus en plus récurrents, émanant d'Alger, et qui demandent l'application de l'article 88 de la Constitution. Même le ministère de la Défense est sorti de sa réserve pour rappeler ses missions constitutionnelles, en réponse à l'appel lancé par l'un des rares survivants du groupe des 22, Ali Mechati, en vue de destituer le président de la République. C'est, donc, pour empêcher "l'empêchement" que l'entourage du Président a décidé d'organiser la riposte. Car, même s'il est quasiment acquis que le président Bouteflika ne pourra pas briguer un quatrième mandat, sa succession, en revanche, n'est toujours pas tranchée et c'est là que se situe, à présent, tout le problème. L'entourage du Président voudrait peser dans la succession. Pas question que le Président sorte par la petite porte et pas question que sa succession ressemble à une remise en cause des 14 ans de règne de Bouteflika, ou une chasse aux sorcières. A B Nom Adresse email