Le Premier ministre a tenté, jeudi, à partir d'El-Bayadh, de rassurer l'opinion publique, suite à la publication d'informations alarmantes au sujet des réserves pétrolières du pays, mais aussi des chiffres de la Banque d'Algérie, évoquant la chute des revenus pétroliers, principale ressource financière du pays. "L'Algérie se porte bien", martèlera-t-il devant les représentants de la société civile d'El-Bayadh triés sur le volet. Répondant à ceux qui tablent sur un tarissement des réserves pétrolières de l'Algérie d'ici 25 ans, Abdelmalek Sellal se montrera confiant quant aux capacités du pays et évoquera le premier gisement de gaz de schiste exploré, la semaine dernière du côté d'In Salah et qui serait fort prometteur. Cette information, ajoutée aux derniers chiffres donnés par les Américains, classant l'Algérie comme troisième pays au monde en matière de réserves en gaz de schiste, font dire au Premier ministre qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter sur ce plan-là. Sur le volet sécuritaire, Abdelmalek Sellal s'est montré, là aussi, rassurant, affirmant la mobilisation permanente de l'Armée nationale populaire et des services de sécurité pour assurer la sécurité du pays et des citoyens algériens. "Il est vrai que l'Algérie se trouve dans une région qui connaît des perturbations sur le plan sécuritaire, dont la situation prévalant au Sahel et celle dans laquelle se trouvent certains pays voisins. Je reconnais que des affaires liées au terrorisme affectent la sécurité de nos frontières, mais soyez sûrs que l'Algérie dispose de tous les moyens pour faire face à ces risques". Tout en rappelant que la Constitution n'autorise pas l'envoi de soldats en dehors des frontières algériennes, le Premier ministre a insisté sur le fait que "l'Algérie dispose de tous les moyens pour protéger ses frontières et ses citoyens". Abdelmalek Sellal affirmera que le gouvernement fait son possible pour résoudre les problèmes qui se posent et rappellera les mesures prises concernant le Ramadhan et la saison estivale, mais aussi et surtout pour résoudre la question des coupures récurrentes d'électricité en pareille période. Face à l'ébullition du front social, le Premier ministre dira que son gouvernement n'était pas partisan de la réponse par la violence, mais plutôt du dialogue. "La culture de la violence ne nous mènera nulle part. Il faut dépasser définitivement la culture de la violence et se mettre autour d'une table pour dialoguer". Tout en reconnaissant que le gouvernement peine à résoudre le problème du chômage surtout celui des universitaires, Abdelmalek Sellal esquissera les premiers éléments de réponse à ce défi : reprendre la base industrielle qui avait fait les frais des restructurations et de la crise économique. À ce titre, il prônera des partenariats, avec le secteur public ou privé, ou même étranger. Il citera le cas des Turcs qui ont lancé un grand projet dans l'industrie textile à Relizane, et pour répondre aux demandes de la population d'El-Bayadh, pour la réouverture de l'usine de l'Emac (cuirs), il suggérera la recherche de partenariats en vue de relancer cette usine, dans une région où les activités industrielles sont quasi inexistantes et où la Fonction publique ne pourrait résorber toutes les demandes d'emploi, notamment celles des universitaires. Mais le Premier ministre saisira cette occasion pour lancer un message de fermeté : fini le temps du gaspillage des ressources du pays. À ce titre, il évoquera la consommation du carburant, qui a atteint des records insupportables et pointera du doigt le trafic aux frontières est et ouest pour affirmer que le prix du carburant chez nos voisins était la cause de ce trafic, mais que le Trésor public ne saurait supporter éternellement cette situation. Ce n'est pas un avertissement en l'air, puisque sur le terrain, des mesures commencent à se concrétiser, notamment dans la wilaya de Tlemcen où le rationnement de la distribution du carburant est entré en vigueur, faisant grincer les dents des "hallaba". Sur le plan local, la visite du Premier ministre a permis à ce dernier et à la délégation ministérielle qui l'accompagnait de constater de visu l'état d'avancement des projets inscrits dans le cadre du plan quinquennal, d'apporter les correctifs nécessaires, d'inscrire des projets d'urgence et de répondre à certaines doléances de la population. Là aussi, le Premier ministre a été clair : "Oui, l'Etat continuera à apporter son soutien au développement local, à la réalisation d'infrastructures, mais pas de gaspillage, pas de populisme." La wilaya bénéficiera, à l'occasion de cette visite, d'une enveloppe supplémentaire de près de 30 milliards de dinars. Le Premier ministre a tenu un langage franc à ses interlocuteurs, triés sur le volet et dont la plupart n'ont fait qu'appuyer les requêtes des responsables locaux, alors que des jeunes étaient empêchés, par un cordon sécuritaire, d'accéder à la salle et d'exposer leurs problèmes. L'exemple de l'aéroport d'El-Bayadh, fonctionnel, avec la programmation d'un vol hebdomadaire vers Alger. Plusieurs intervenants ont demandé la programmation d'un second vol hebdomadaire, alors que d'autres ont demandé la programmation des vols vers les Lieux saints de l'Islam à partir de cet aéroport. Le Premier ministre a été franc : "L'avion repart avec, parfois, douze passagers à bord. La compagnie aérienne ne peut travailler à perte", et de rappeler que les vols pour l'Arabie saoudite sont régis par des dispositions spéciales dont l'exigence d'avions gros porteur. Il adoptera la même attitude en réponse aux demandes d'ouverture de centre anticancer, affirmant que le gouvernement opte pour des centres régionaux, en raison du manque de spécialistes dans la radiothérapie et du coût élevé du matériel. Toutefois, des instructions ont été données au ministère de la Solidarité nationale en vue de réaliser des centres d'hébergement à proximité des centres anticancer, au profit des malades venus d'ailleurs. Abdelmalek Sellal tiendra un discours franc en direction de la population locale : la question du chômage ne sera résolue qu'à travers des solutions économiques, des investissements. Tout en encourageant les responsables locaux à faciliter la tâche des investisseurs, dans le respect des lois, il fera remarquer que les seuls investisseurs qui se sont manifestés au sein de la zone d'activités d'El-Bayadh, viennent d'autres wilayas, appelant les jeunes de la région à s'impliquer dans cet effort. A. B. Nom Adresse email