Abderrezak Makri, le tout nouveau patron du MSP, entend faire de ce raout qui a regroupé une partie de l'Internationale islamiste un tremplin pour son ambition de fédérateur de cette mouvance en Algérie. De Rached Ghannouchi, chef d'Ennahda de Tunisie, le Pakistanais Abderachid El-Tourabid, le Koweitien Nour Sanaâ, secrétaire adjoint du Congrès islamique mondial, Oussama Hamdane du Hamas palestinien, Cheikh El-Djabri du Liban, le représentant du parti turc des Frères musulmans et un invité du Soudan, en passant par les présidents des partis islamistes Ennahda, le Front du changement (FC), ou encore le TAJ de Amar Ghoul, même si ce dernier ne se réclame plus de cette obédience, jusqu'au "célèbre" cheikh Sahnoun, le colloque célébrant le 10e anniversaire du décès de cheikh Mahfoud Nahnah, organisé par le Mouvement de la société pour la paix (MSP), hier à l'hôtel Riadh de Sidi-Fredj, a réuni une bonne partie de l'Internationale islamiste. Ne manquaient à l'appel que Abassi Madani et Ali Benhadj, alors que Abdallah Djaballah, sans se présenter, a donné son "accord de principe" pour soutenir l'initiative, selon Abderrazek Makri, président du MSP. La couleur a été d'emblée annoncée : "Dieu est notre but, le Prophète est notre référence, le djihad est notre chemin, le sacrifice au nom de Dieu est l'objectif suprême". Cette sentence prononcée à l'ouverture des travaux, par Frouk Tifour, membre de la direction du MSP, désigné directeur de ce colloque, a provoqué des applaudissements nourris, ponctués par des "Allah Akbar", dans la salle où flottait l'odeur de jasmin. Les discours des invités de marque du MSP qui se succédaient au pupitre, ont eu pour effet d'enflammer l'assistance. Ces derniers convergent tous vers l'idée de fédérer les "frères" autour d'un même idéal, celui d'édifier un Etat fondé sur les principes islamiques dans tous les pays où rayonne l'islam. Ayant vraisemblablement appris la leçon, ils éviteront, cependant, avec habilité, d'user de terminologie idéologiquement trop marquée. Ils ne parleront pas d'Etat théocratique et/ou islamiste, feignant par moment de prôner un langage plutôt nationaliste. Toutefois, le message est clair. "On en a que trop souffert de la séparation", regrette Abdelmadjid Menasra, accueillant avec enthousiasme la réconciliation avec son ancien parti, le MSP. "Cheikh Nahnah nous avait réunis lorsqu'il était vivant. Je reste persuadé qu'il sera content de nous voir de sa tombe aujourd'hui réunis", s'est-il enthousiasmé. Mais juste après, il met un bémol à son envolée en expliquant que l'idée d'une alliance n'a pas encore mûrie. "C'est juste une unité entre partis, (FC, MSP, Ennahda et El-Islah, ndlr)", a-t-il précisé, soulignant que "nos erreurs commises par le passé contrastaient avec les principes de notre religion". "Parfois, on devient même intégristes pour défendre certaines de nos positions", a-t-il encore regretté. Cette union retrouvée, le temps de cette rencontre est également partagé par le chef d'Ennahda, Fateh Rebaï, qui a mis en avant l'exemple de l'Alliance de l'Algérie verte, (AAV), souhaitant que celle-ci ouvre la porte à d'autres alliances plus larges. "Aujourd'hui, l'Algérie a besoin plus que jamais d'hommes et d'unité (...)". Un appel du pied au reste des partis islamistes hésitant à se joindre à cette alliance, que soutiendra automatiquement Abderrazek Makri, visiblement revigoré par certains sondages le classant en troisième position sur la liste des potentiels présidentiables. Chafik Mesbah, auteur de ce sondage, révélé lors de son passage au colloque de Liberté, croit que les islamistes représentent un tiers de l'électorat national. Hier, il a été aperçu à Sidi-Fredj dans la matinée. "Notre joie est indescriptible aujourd'hui, du fait d'être tous réunis ici. Notre rencontre est pleine de sens", a lancé le chef du MSP, visiblement content de retrouver les responsables des deux ailes dissidentes du parti mère représentées par les partis du TAJ de Amar Ghoul et le FC de Menasra. "On ne sera jamais tranquille jusqu'à réunir tous les (anciens) militants du MSP", a-t-il renchéri, citant en outre l'aile dissidente du FC, le Mouvement pour la construction qui a boycotté ce colloque. "S'il faut que je démissionne pour permettre à tous les militants de revenir au parti, je le ferai sans aucune hésitation. Aujourd'hui, l'Algérie a plus que jamais besoin de l'unité des islamistes. Cette unité est indispensable pour sauver le pays", a martelé le chef du MSP, réclamant au passage la nécessité de reconfigurer le paysage politique dans le pays. Un appel qui n'enchante visiblement pas Amar Ghoul, lui qui préfère inscrire son parti au sein de la mouvance nationaliste. "Le TAJ est un parti nationaliste et rassembleur, il reste ouvert à tous les Algériens", a-t-il rappelé. Makri ne manquera pas de lancer un appel au président de la République et au Premier ministre, Sellal, à "œuvrer de sorte à faire de la prochaine présidentielle une occasion à ne pas rater pour permettre au pays une sortie de crise ; pour sauver l'Algérie. Arrêtez les fabrications de laboratoire !". Pour Makri, désormais, "le rêve est possible"... Et l'islamiste tunisien, Ghannouchi, qui a accédé au pouvoir à la faveur de la révolution du Jasmin, de profiter de cette tribune pour donner un coup de pousse, ne serait-ce que moral, à ses "frères" en Algérie. Ghannouchi, qui a fait irruption dans la salle à une demi-heure de la prière du vendredi, a tenu un prêche digne d'un prédicateur rôdé. À noter que le leader tunisien était accompagné du conseiller de la Présidence, Mohamed-Ali Boughazi. F A Nom Adresse email