Bien que la Russie et les Etats-Unis se soient mis d'accord pour une solution politique à la crise syrienne, les deux pays ne manquent jamais une occasion de détruire l'argumentaire de l'autre sur les questions se rapportant au régime Al-Assad, comme dans cette histoire d'utilisation d'armes chimiques. Au lendemain des accusations américaines reprochant au régime de Bachar Al-Assad d'avoir utilisé des armes chimiques contre les rebelles, Moscou a rapidement fait planer le doute sur les assertions US, en les jugeant guère "convaincantes". En effet, la Russie a jugé que les accusations des Etats-Unis sur le recours à l'arme chimique par le régime syrien n'étaient "pas convaincantes", tout en estimant que la promesse d'une aide accrue aux rebelles compromettait les efforts de paix. "Nous le dirons clairement : ce qui a été présenté par les Américains ne nous semble pas convaincant", a déclaré hier le conseiller diplomatique du Kremlin Iouri Ouchakov à des journalistes. Ce dirigeant russe répondait ainsi à la Maison-Blanche, dont un responsable a déclaré jeudi que le régime syrien avait eu recours à son stock d'armes chimiques dans des attaques qui ont fait jusqu'à 150 morts. Selon le renseignement américain, du gaz sarin notamment aurait été employé à échelle réduite contre l'opposition à de multiples reprises dans l'année écoulée. Iouri Ouchakov a indiqué qu'une rencontre avait eu lieu entre représentants russes et américains au cours de laquelle ces derniers avaient exposé leurs informations. "La nature de ces informations ne peut être divulguée, évidemment. Mais je le répète, ce n'est pas convaincant", a ajouté M. Ouchakov. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères russe, qui a aussi jugé que les allégations n'étaient pas convaincantes, des experts russes ont rencontré des homologues américains, britanniques et français. Dans son communiqué, la diplomatie russe s'est en revanche inquiétée de l'usage de gaz sarin par les rebelles, rappelant que le 6 mai, Carla Del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie, avait affirmé qu'ils en avaient employé. La Russie, principal soutien du régime syrien auquel elle livre des armes, a toujours émis les plus grandes réserves sur les accusations visant le régime. Sur un ton plus virulent, le chef de la commission des affaires étrangères à la Douma (Chambre basse du Parlement russe), Alexeï Pouchkov, a accusé Iouri les Etats-Unis d'avoir "fabriqué" ces informations. "Obama suit la même voie que George Bush", le précédent président américain qui avait lancé une opération militaire en Irak en 2003 sur la foi d'affirmations sur l'existence d'armes de destruction massive qui ont été depuis battues en brèche, a ajouté ce membre du parti au pouvoir Russie unie. Le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, a par ailleurs estimé que la décision américaine annoncée jeudi d'accroître son aide aux rebelles compliquerait les efforts pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 93 000 morts, selon un nouveau bilan de l'ONU. "Si les Américains décident vraiment et réellement de fournir une aide plus importante aux rebelles, une aide à l'opposition, cela compliquera la préparation d'une conférence internationale" pour trouver une solution politique au conflit, a dit Iouri Ouchakov. "Nous avons peu de doute sur le fait que la décision de fournir les groupes armés rebelles en armes et équipements militaires supplémentaires attisera la confrontation et les violences contre les civils", a fustigé de son côté le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. A noter que les Etats-Unis n'ont toutefois pas, à ce stade, annoncé de décision d'armer les rebelles face au régime syrien, évoquant simplement une augmentation de l'aide non létale. De son côté, le régime syrien a qualifié hier de "mensonges" les accusations des Etats-Unis sur un recours par ses troupes à des armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles, selon l'agence officielle Sana. "La Maison-Blanche a fait publier un communiqué truffé de mensonges sur le recours aux armes chimiques en Syrie, en se basant sur des informations fabriquées à travers lesquelles elle a tenté de faire assumer au gouvernement syrien la responsabilité d'un tel usage", a indiqué un responsable des Affaires étrangères. M T./Agences Nom Adresse email